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Industrialisation « sauvage » : Tibou Kamara met le holà

En Guinée, depuis un certain temps, les unités industrielles poussent à foison dans le pays comme des mauvais champignons après la pluie.

Dans ce sillage industriel, alimentaire, cosmétique, plastique etc… les normes requises aux standards internationaux de  l’industrialisation sont loin d’être respectées. C’est sans doute pourquoi,   le ministre guinéen  de l’Industrie, des Petites et moyennes entreprises, Tibou Kamara entend aller en croisade contre ce qu’il appelle l’industrialisation ‘’sauvage’’. Cette décision n’est pas sans  rappeler la promesse faite par Tibou Kamara lors d’une escapade dans la zone industrielle de Dubréka, où le constat sur le terrain s’était révélé beaucoup moins reluisant.

D’où l’émission de nouveaux règlements en matière d’installation d’unités industrielles en Guinée, laquelle apparaît ‘‘sauvage’’.

Le tout est contenu dans un arrêté  de cinq pages, en date signé du  27 juin. Le document consiste à régir les unités  industrielles, de l’implantation à l’exploitation. Et, il semble n’y avoir pas de temps à  perdre. Car, les entreprises déjà installées sont appelées à  se présenter devant les services du ministère de l’Industrie pour une question de conformité d’ici à  trois mois. Sinon, Tibou Kamara jure que quand il s’agira de sanctionner des contrevenants, «ma main ne tremblera pas.»

Ceci étant tout simplement  un rappel des engagements pris préalablement par  des industriels et du rôle des pouvoirs publics relatifs  aux unités industrielles dans le pays.

Le contrôle avant construction, donnant lieu à la délivrance d’une autorisation d’implantation.

Avant le  démarrage des activités de production, il faut recevoir une autorisation de mise en exploitation. Passer cette étape, vient celle du  contrôle périodique en phase d’exploitation, donnant lieu à la délivrance d’une attestation de conformité qui tient lieu d’autorisation de poursuite des activités.

Conflits de compétence. ..

Dans le cadre de la  réglementation dans le secteur très touffu de l’Industrie en Guinée, il y a un service aussi décrié qu’apprécié,  est surtout connu pour faire la police dans le secteur.   Qui  passe parfois son temps  à la traque des ‘’brebis galeuses’’.

Il s’agit bien entendu  du  secrétariat  à la présidence chargé des services spéciaux, de la lutte anti-drogue et du crime organisé, dirigé par le colonel Moussa Tiegboro Camara, institué pendant la transition assurée par junte au pouvoir en 2009.

Le  ministre de l’Industrie et des PME, veut décidément débroussailler ce terrain en qualité d’autorité de tutelle. Dès lors, alors que d’autres ministres se plaisent à  prendre des gants pour aborder ce dossier voire même l’éviter dans la presse, Tibou Kamara, lui, a décidé de foncer sabre au clair ! Pour dire à qui veut l’entendre :   «Il n’y a pas qu’avec le colonel Tiegboro Kamara qu’il y a parfois des incidents. Il y a aussi d’autres services notamment de lutte contre la corruption, parfois même des renseignements généraux et autres (…)  Il  n’y a que le ministère de l’Industrie qui peut se rendre dans les unités industrielles. Tout autre service qui voudrait s’y rendre devrait être en rapport avec le ministre de l’Industrie (…) Nous avons dit aux unités industrielles qu’à chaque fois qu’elles auront des visites qui ne soient pas dûment mandatées par notre ministère, de ne pas les recevoir et d’en référer au ministère de l’Industrie qui, dans le cadre de son fonctionnement et de ses attributions régaliennes, peut parfaitement intervenir pour essayer de les protéger », précise le ministre  Kamara.

Le MIPME dit s’être par ailleurs entretenu avec le colonel Tiegboro pour lui rappeler les règles par rapport aux unités industrielles.

«Il ne doit pas y avoir des descentes spontanées dans les unités industrielles, de n’importe quel service de l’Etat qui n’a aucun lien avec l’industrie’’, déclare le ministre d’Etat conseiller spécial du président de la République. Ceux qui doivent intervenir dans les unités industrielles sont connus et ceux qui voudraient le faire ne peuvent pas le faire sans en parler auparavant avec le ministère de tutelle », a-t-il tenu à  préciser.

Cette sortie du ministre Tibou est toutefois loin de rassurer l’opinion sur la volonté du gouvernement de mettre le holà à l’anarchie qui règne dans le monde de l’industrie en Guinée. Avec la prolifération d’unités industrielles sans aucun respect des normes requises en la matière. Qui produisent et vendent des produits pour la plupart impropres à la consommation. C’est dire que Tibou Kamara sera jugé en fonction des actes et non des slogans.

Youssouf Diallo (in Emergence Magazine N°05 de Juillet 2019)