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L’enfer de la route Segueyah-Forécariah-Coyah (Carnet du reporter)

L’état pitoyable dans lequel se trouve le réseau routier national, ne laisse pas indifférent les guinéens.

 

Pour contourner le calvaire noir du pont KK, certains usagers ont choisi ces derniers temps d’emprunter un autre chemin, cette fois, plus long et plus périlleux. Il s’agit de la route Segueyah dans la préfecture de Kindia pour rallier Coyah via Forécariah.

 

Distante de 170 kilomètres, cette route, composée de pistes rurales et de bitume détérioré, se trouve dans un état lamentable. Et pour la pratiquer, ce n’est pas moins de 6 heures de trajet.

Glissante à plusieurs endroits avec des nids-de-poule qui affectent les roues des engins, des dos-d’âne totalement hors d’usage, la route Segueyah-Forécariah-Coyah, semble à la première vue, datée de la période d’après l’indépendance guinéenne. Des usagers interrogés jugent que les travaux sont souvent mal indiqués et/ou mal balisés, certains qui s’inquiètent de la présence fréquente de nids de poule, estiment aussi qu’il n’y a aucune visibilité la nuit, exceptés les phares de véhicules.

 

A ces difficultés de franchissement du trajet, viennent s’ajouter les cinq (5) postes de contrôle d’hommes en uniforme : le premier que les usagers en provenance de la sous-préfecture de Segueyah doivent franchir est celui de Mambia-côté Forécariah. Le deuxième est à, à peu près à 25 kilomètres du premier poste de contrôle. Ici, c’est un sergent-chef qui règne en maître. Gare à vous si vous le photographiez ou prenez la photo de son poste. Les consignes sont claires : 10 mille francs guinéens à verser dans sa poche sinon vous vous faites verbaliser. Le 3ème est celui de Sikhourou, dans la préfecture de Forécariah, le 4ème poste est situé à Benna Moussayah, à 35 kilomètres de Forécariah ville. À chaque poste, en lieu et place d’un contrôle des engins, c’est un contrôle du nombre de passagers à bord du taxi et les recettes que cela implique. Les agents ‘’récupérateurs’’, demandent ce qu’on appelle là-bas ‘’levée de barrage’’. Il s’agit de 5mille ou 10 mille francs guinéens, selon l’humeur du commandant de poste. A vrai dire, c’est à la tête du client conducteur en face que le prix est fixé.

 

Sur le trajet périlleux de cette route, ce que l’on remarque aussi, ce sont des enfants arpentant les bagages sur le toit de véhicules minibus avec des sacs de charbon notamment.

 

Autres barrages encore non conventionnels, ce sont ceux érigés par des jeunes enfants à quelques encablures des points et nids de poule de la chaussée impraticable. Un long fil bloque le passage des engins obligés de ralentir ou de freiner. Ce que ces villageois qui remblaient cette route dévastée par la pluie, demandent, c’est ce qu’ils appellent ‘’le prix d’un sachet d’eau ou yé saré en langue soussou’’.

 

En résumé, encore trop de conducteurs ne se sentent pas en sécurité sur certaines de ces voies où coupeurs de route dictent leur loi la nuit. Raison pour laquelle ils réclament des rénovations pour améliorer l’état des routes. Des changements indispensables qui ne seraient pas pris au sérieux par les pouvoirs publics, dénoncent certains d’entre eux.

 

A la rénovation et/ou la réhabilitation de cette route de déviation du pont KK, il y a les infrastructures comme les ponts qui semblent être très mal faits.

 

Mais si pour justifier les difficultés rencontrées par l’État à remettre en bon état les routes et infrastructures du pays, le département évoque notamment la pluie, aujourd’hui, il faut s’interroger sur : comment expliquer le délabrement de certains axes routiers guinéens alors que l’État qui ne s’est pas encore désengagé de l’entretien des routes a du mal à y faire face ?

Mohamed Mônêmoundomma Bangoura