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Guinée : une grève fait tourner au ralenti la seule usine de caoutchouc

Émergence – La Soguipah – Société guinéenne de palmiers à huile et hévéa – est touchée de plein fouet par une grève déclenchée par son personnel et qui entre ce jeudi dans son troisième jour.

Depuis mardi 18 février, les travailleurs de la Soguipah observent une grève, sans l’accord et l’engagement de leur syndicat qu’ils accusent d’être de connivence avec la Direction générale.

A Conakry, le siège de l’entreprise reste fermée. A Diécké, sous-préfecture située en région forestière (sud), l’usine tourne au ralenti. Elle risque de connaître un arrêt si aucun accord n’intervient dans les heures qui suivent entre la direction générale et les travailleurs.

Les employés exigent le paiement intégral de trois mois d’arriérés de salaires. Ils demandent en outre le paiement régulier et prioritaire des salaires ainsi que le paiement intégral de location véhicule et carburant comptabilisée depuis octobre 2014. Enfin, les travailleurs veulent le recrutement d’une quarantaine de stagiaires ayant effectué plus d’un an de travail au sein de l’entreprise.

On constate un important déploiement de militaires à l’entrée de l’unité industrielle pour sécuriser les installations, selon plusieurs sources contactées jeudi par Émergence.

« Beaucoup d’employés ne viennent plus au travail. Imaginez que les gens sont à trois mois sans salaire », commente un employé sous le sceau de l’anonymat.

Joint mardi peu après le début du débrayage par nos confrères d’Alternativeguinee.com, le directeur général Miche Béimy, en poste depuis un an, a évoqué une manipulation. « Lorsque des gens se rendent compte qu’ils sont en train de perdre des avantages illégaux, indus, ils font tout pour vous mettre sur la sellette. C’est ce qui se passe », a-t-il dit.

Les grévistes rient sous cape. « Qu’il paye les salaires des gens et il verra s’ils sont manipulés », confie un autre employé.

D’une capacité de production journalière estimée à 45.000 tonnes de caoutchouc, la Soguipah vivote depuis plusieurs années. Un audit commandité en 2017 par le ministère de l’Economie et des Finances avait épinglé la gestion de la directrice générale Mariama Camara, promue paradoxalement en décembre 2017, ministre de l’Agriculture.

Outre le caoutchouc, la Soguipah produit de l’huile et du savon.

Samuel Camara