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Guinée Télécom : l’hypothétique relance sur fond d’annonce populiste

Emergence – Depuis quelques jours, on entend bourdonner partout la relance de Guinée Télécom, la société de téléphonie née sur les cendres de la défunte SOTELGUI.

On apprend également, qu’à la suite du lancement spectaculaire, mais tout en sobriété, géographiquement parlant, le ministère des Postes, Télécommunications et de l’Economie numérique a procédé à des distributions de puces de cette société, avec la consigne ferme, de ne pas les utiliser en dehors de Conakry et de ne pas appeler d’autres sociétés de la place. Car rien de tout cela n’est possible. Pour se défendre,  on parle de test. Soit ! Mais en réalité ça n’a aucun sens. L’opération s’apparente à du populisme, surtout quand elle est mêlée a des promesses de relance très prochainement de la société.

Pour se rendre compte que la promesse ainsi faite est  captieuse, il faut faire l’évaluation de l’existant, scruter les opportunités de mobilisation de ressources.

Ce qui existe,  concernant Guinée Télécom, c’est le statut juridique qui est créé. Le capital libéré avec la possibilité d’avoir des partenaires, donc d’autres actionnaires. Ce qui existe aussi, c’est les équipements, plutôt des équipements, car , la société pour sa relance, en a autant besoin. Ce qui existe également, c’est le local, quoique délabré, un des rares actifs de la défunte Sotelgui.  Mais rien de tout cela ne suffit  pour la relance de la société. Il faut et surtout les moyens. On dira beaucoup de ressources. Des ressources humaines- qui ne courent pas les rues- et financières .  Pour inciter les partenaires qui ont des ressources à injecter dans la société, il faut un modèle économique attrayant, ce qui n’existe pas , malgré le folklore au sommet de l’Etat.

Souvenons-nous, que sous le régime d’Alpha Condé, la volonté de relance n’a pas manqué. Ce qui a fait défaut, c’est la manière et de la stratégie.

Pour rappel, c’est sous l’ancien régime que les équipements qui ont permis cet essai ont été achetés avec un prêt contracté auprès de la banque chinoise Exim Bank. Le président Condé, excité de démarrer les activités de la société, a démarché des partenaires , notamment arabes, en Égypte et dans le Golf, principalement. Mais ceux-ci n’ont pas trouvé intéressant de venir réanimer le projet. C’est justement lié au business plan. Dans un pays où un des opérateurs est allé au-delà  de la position dominante pour avoir le quasi-monopole,  avec près de 80% des parts de marché, il faut des propositions, autres que le marché de la téléphonie. Cela peut être le marché des télécommunications, avec par exemple, la connexion domestique qui divise l’Etat et les acteurs. A cet effet, proposer une fusion absorption avec des sociétés locales qui ont fait du chemin dans ce domaine.

Pour se résumer, la relance, telle qu’annoncée par l’Etat, à travers le ministre des Télécommunications, est un bluff malsain, une chimère, qui relève du populisme. En réalité, l’Etat, à ce stade, n’a ni argent, ni partenaires disposés à prendre des actions, ni modèle économique attrayant.

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