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L’industrie aurifère cède à la pression des défenseurs de l’environnement

Le 8 décembre 2020, le géant américain Newmont Corporation a déclaré qu’il dépensera 500 millions $ dans les cinq prochaines années pour atteindre ses objectifs climatiques.

Cette annonce intervient alors que l’industrie aurifère fait face à une pression accrue des investisseurs pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre. Si le secteur de l’or a, jusque-là, plus ou moins échappé aux critiques virulentes qui visent régulièrement les mineurs de charbon ou de minerai de fer, la récente hausse historique des cours du métal précieux en a fait une « nouvelle cible » pour les défenseurs de l’environnement.

Joindre l’acte à la parole

Newmont veut affecter un budget de 500 millions $ à ses actions en faveur du climat, d’ici 2025. Selon les détails publiés par la compagnie qui se dispute le statut de leader mondial de la production d’or avec Barrick, l’objectif est de réduire ses émissions de 30%, d’ici 2030, et d’atteindre la neutralité carbone, d’ici 2050. Pour le PDG Tom Palmer, interrogé par Reuters après l’annonce, il s’agit pour la société de « joindre l’acte à la parole ». Newmont étudierait ainsi la possibilité d’installer des centrales solaires et éoliennes sur plusieurs mines dont ses actifs de Peñasquito au Mexique et Ahafo au Ghana.

Il faut dire que la compagnie n’est pas la seule du secteur de l’or à préparer la transition vers les énergies renouvelables. Si des plans concrets de réduction des émissions sur plusieurs années sont rares dans l’industrie minière, on assiste depuis plusieurs mois à une vague d’investissements dans les énergies « propres ».

En février 2019, par exemple, son premier rival sur le marché, Barrick, a annoncé vouloir installer une centrale solaire hybride pour aider sa centrale thermique existante de 63 MW à alimenter sa mine d’or Loulo (Mali), avec comme objectif d’économiser 10 millions de litres de carburant par an et de réduire les émissions de CO2 de 42 000 tonnes sur la même période.

Deuxième producteur d’or d’un autre pays ouest-africain, le Burkina Faso, le russe Nordgold a conclu avec Total Eren et son partenaire Africa Energy Management Platform un accord pour y construire une centrale solaire photovoltaïque afin d’alimenter ses mines d’or Bissa et Bouly.

Dans le même temps, Resolute Mining a confié fin 2019 à Aggreko l’installation, l’exploitation et la maintenance d’une centrale hybride pour alimenter sa mine d’or de Syama au Mali. De son côté, Caledonia Mining a engagé en octobre dernier le français Voltalia pour construire une centrale solaire à sa mine d’or Blanket située au Zimbabwe.

Face à une pression accrue des investisseurs

Contrairement à d’autres sous-secteurs miniers, l’or a plutôt été épargné par les critiques des défenseurs de l’environnement. Pourtant, il n’en demeure pas moins l’un des principaux pollueurs du secteur minier. D’après les données du cabinet ESG Skarn Associates, les émissions de niveau 1 et de niveau 2 du secteur aurifère sont par exemple plus élevées que celles du cuivre, du nickel ou du charbon métallurgique.

Avec la pandémie de Covid-19, le métal précieux réalise en 2020 des performances historiques et se négocie actuellement à plus de 1800 $ l’once sur les marchés mondiaux. Si cette hausse est bénéfique aux compagnies minières, elle les a également placées dans le viseur d’investisseurs soucieux de l’impact environnemental de leurs placements. Elles sont désormais tenues d’établir une feuille de route claire et des plans plus détaillés sur les mesures prises pour réduire l’empreinte carbone ainsi que des rapports pour en rendre compte.

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