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OMVS : la junte guinéenne récupère le projet du barrage de Koukoutamba, brandit une déclaration d’utilité publique

Emergence – La junte militaire au pouvoir en Guinée a annoncé jeudi 20 juillet la reprise par le pays du projet de construction du barrage hydroélectrique de Koukoutamba, préalablement dans l’escarcelle de l’Organisation pour la Mise en Valeur du fleuve Sénégal.

« Le barrage est déclaré d’utilité publique », a affirmé Ousmane Gaoual Diallo, Porte-parole du gouvernement, à l’issue d’un Conseil des ministres.

Le Chef du gouvernement Bernard Goumou et son ministre de l’Energie, de l’Hydraulique et des Hydrocarbures, Aly Seydouba Soumah, ont reçu les instructions du leader de la transition Colonel Mamadi Doumbouya, de  travailler à un redimensionnement du barrage conformément aux besoins de la Guinée.

Le gouvernement va aussi devoir rechercher des sources de financement, a dit Diallo. « Cela veut dire simplement que les dimensionnements anciens pour le compte de l’OMVS sont à abandonner et le barrage va être dimensionné pour le besoin de la Guinée, a précisé Diallo.

Un barrage de 812 millions de dollars

Situé sur le Bafing, principal affluant du fleuve Sénégal, en territoire guinéen, le barrage de Koukoutamba a une capacité prévisionnelle de 300 mégawatts.

Le projet se compose du barrage, deux lignes haute tension de 225 KV, une route d’accès de 150 Km et une cité.

Les investissements sont estimés à 812 millions de dollars US.

L’Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal a signé un contrat commercial avec la compagnie chinoise Sinohydro en février 2019 pour la construction de l’ouvrage.

L’accord avait été signé à Conakry, en présence du président Alpha Condé et de son ministre de l’Energie, Cheik Taliby Sylla, alors Président en exercice du Conseil des ministres de l’Organisation.

Après la signature du deal, l’OMVS avait exprimé son souhait de voir l’infrastructure énergétique participer à la régularisation des débits du fleuve Sénégal, au profit des activités liées à l’agriculture, la navigation, la fourniture d’eau potable, la pêche et la préservation des écosystèmes du bassin.

Le délai d’exécution initial était de quatre ans. Et le financement devait être apporté par Exim Bank de Chine.

« Absence de mobilisation sérieuse »

En annonçant le retrait de la Guinée de l’OMVS, la junte militaire a mis en avant le retard accusé dans la construction du barrage et la sous-représentativé du pays au sein des instances de prise de décisions.

« La décision est liée d’abord à l’absence de mobilisation sérieuse des financements nécessaires à la réalisation du barrage de Koukoutamba et au fait que nous estimons que notre pays n’est pas suffisamment représenté aussi bien dans le personnel que dans les instances dirigeantes d’une organisation dont le cœur d’activité se trouve dans notre pays », a souligné le Porte-parole du gouvernement.

Sur la suspension de la participation de la Guinée, l’OMVS a exprimé de son côté, son « profond regret » et réaffirmé sa volonté de « trouver les solutions appropriées aux raisons évoquées ».

« L’OMVS continuera à contribuer au développement économique et social du bassin du Fleuve Sénégal conformément aux objectifs pour lesquels elle a été créée », a-t-elle souligné dans un communiqué le 19 juillet.

Samuel Camara