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La BCRG annonce une bataille contre Affinor pour récupérer son or confisqué en Belgique

Emergence – C’est sans doute une retentissante saga judiciaire à fort relent politique qui s’annonce cette année.  La Banque Centrale de la République de Guinée (BCRG) prévoit en effet d’entreprendre des démarches pour la récupération d’une importante quantité d’or bloquée depuis plusieurs années en Belgique.

La BCRG reprend les choses en main. Elle décide de batailler pour faire rapatrier 3 tonnes d’or stockées en Belgique. L’importante quantité de métal jaune est bloquée suite à un imbroglio autour d’un accord de raffinage qui liait l’institution monétaire guinéenne à la compagnie belge Affinor.

Le Gouverneur de la BCRG Karamo Kaba qui s’exprimait le 28 décembre devant le Conseil National de Transition a fait état de la détermination de la Banque centrale à faire rapatrier les lingots d’or. « Nous allons essayer de recouvrer l’or de la BCRG confisqué injustement par une contrepartie en Europe », disait-il devant les Conseillers nationaux.

Ainsi, le mot est lâché. En annonçant l’ouverture d’un front judiciaire, il ne fait l’ombre d’aucun doute que la BCRG est convaincue que ses métaux précieux sont « injustement » confisqués.

Autrement dit, la partie guinéenne pense avoir rempli sa part de contrat. Et qu’il revient à la société belge de lever la procédure de saisie conservatoire.

L’autre pan de l’affaire est que l’ancien gouverneur de la BCRG, Dr Louncény Nabé, poursuivi dans cette même affaire pour « détournement de deniers publics, corruption d’agents publics et enrichissement illicite » peut se frotter les mains. Lui qui n’a cessé de clamer son innocence est désormais conforté par la thèse de l’existence de l’or dans les coffres-forts d’Affinor.

Pour rappel, cette affaire dont il est convenu en Guinée d’appeler « Dossier Affinor » remonte à 2015. Cette année-là, la BCRG signe un accord avec la société d’affinage belge Affinor pour le raffinage de l’or artisanal guinéen. Le pacte visait à mettre un terme au rejet de l’or guinéen provenant de l’exploitation artisanale par les fondeurs-affineurs de la LBMA (London Bullion Market Association). La LBMA, faut-il le préciser, garantit d’avoir des lingots certifiés avec un titrage d’or assurée.

Une fois l’accord signé, la BCRG enverra une première quantité de 2,412 tonnes d’or à son partenaire belge. La vente génère un profit de 145 milliards GNF. Une bonne affaire pour toutes les parties.

En 2017, les achats  reprennent. Et 12,6 tonnes d’or sont expédiées pour raffinage par Affinor, cette fois. De cette quantité, 9,402 tonnes seront vendues sur ordre de la BCRG. Il en restera environ 3 tonnes.

Selon la version des faits de l’ancien Gouverneur de la BCRG, Dr Louncény Nabé, les opérations ont pu générer un profit global de 40 millions USD.

« Il est resté 3,139 tonnes qui figurent aussi bien sur les relevés de la BCRG et ceux d’Affinor, dont la dernière certification par l’auditeur KPMG remonte à juin 2021 », disait M. Nabé dans un Memo parvenu à Emergence Mag.

Dans ce partenariat, la Banque centrale dit avoir payé 4,48 millions d’euros à Affinor. Une somme qui représente les frais de transports d’affinage, d’assurance  et de stockage de la quantité totale d’or entre 2015 et 2021, selon l’Ex-gouverneur.

« Les facture ont fait l’objet d’examen par les services concernés de la banque avec les comparaisons appropriées », ajoutait-il.

Samuel Camara