Emergence – Le weekend dernier, l’Agent judiciaire de l’Etat s’est fendu d’une déclaration des plus ahurissantes à l’occasion d’un point de presse. Dans cette sortie, Me Mohamed Sampil révèlera que 421 milliards de francs guinéens ont été détournés par des cadres de l’administration, sur la période allant de la prise du pouvoir le 5 septembre à novembre 2022.
Le montant en cause est si monstrueux, et la période du détournement aussi relativement trop courte, que l’annonce a suscité des commentaires, dont la plupart mettent en cause, inconsciemment, la volonté du Chef de l’Etat, le président du CNRD, à lutter contre la corruption.
Cela, à juste raison et serait imputable à celui qui a communiqué sur le présumé scandale et son auteur n’a pas pris la mesure de la déclaration qu’il devrait faire en donnant tous les détails y afférents. Car il y a là des zones d’ombres qui pourraient discréditer cette sortie. C’est de savoir les dossiers qui sont concernés par ce présumé scandale.
En réalité, l’on se souvient encore, que c’est la même déclaration moins précautionneuse qui a été servie à l’opinion à l’époque des faits.
L’on se souvient également, qu’à l’époque, il avait été reproché à certaines structures d’avoir fait des opérations sur leurs comptes pendant que ceux-ci sont gelés sur décision du CNRD, qui venait de renverser l’ancien Président Alpha Condé.
L’on se souvient toujours, que dans le cadre des procédures ouvertes en vue de faire la lumière sur ces évènements, les Directeurs de ces EP et EPA ont été convoqués à justifier les dépenses qu’ils ont ainsi faites, chez l’agent judiciaire de l’Etat. D’autres, par contre, sont allés se défendre devant à la justice, devant les juridictions compétentes en la matière.
Pour rappel, pour la plupart de ces dossiers, des non lieux ont été prononcés en faveur des responsables de ces services. Autrement dit, il a été reconnu à ses services, la justesse des dépenses effectuées pendant cette période de gel.
Des dépenses qui ont été faites pour payer les salaires et les fournisseurs.
Ressasser ces dossiers dont la plupart ont suivi cette procédure de vérification devant les tribunaux et dont les responsables ont été reconnus non coupables pour des faits à eux leur reprochés, relève d’un simple affichage médiatique. C’est une publicité inutile qui va sans doute accentuer la pression sur le Président de la junte, à qui l’opinion dont on veut se jouer, va aussi, à son tour, demander des comptes. Ceux qui consistent à interpeller les auteurs et les condamner.
Pour conclure, l’Agent judiciaire de l’Etat se devait une décantation préalable, et ainsi procéder de façon pédagogique. Mais hélas, tout cela à bigrement manqué à sa démarche, aussi spectaculaire qu’essentielle.
Mognouma