Le programme des Nations-Unies pour les Établissements Humains (ONU-Habitat) en collaboration avec le Gouvernement de la République de Guinée a tenu, du 04 au 06 décembre 2019, le premier Forum Urbain National de Guinée (FUNAGUI), à Conakry sous le thème « Gouvernance des institutions, Urbanisation Durable et Opportunités de Croissance Économique Soutenable à l’horizon 2040 ».
L’organisation de ce premier forum a été financée par l’Union Européenne.
En prélude du FUNAGUI, le Ministère de la ville et de l’aménagement du territoire en partenariat avec ONU-Habitat, avait organisé du 11 au 22 novembre 2019, une série de foras dans les huit(8) régions administratives de la Guinée.
Au cours des foras régionaux, les participants avaient débattu sur l’urbanisation actuelle et future, tout comme le niveau de mise en œuvre et de réalisation des investissements prioritaires retenus dans le schéma national d’aménagement du territoire (SNAT) au niveau de chaque région administrative.
Cependant, le FUNAGUI a eu pour dessein, de cerner les manifestations de l’insécurité foncière et énoncer les mesures à mettre en place en vue d’une meilleure gouvernance de la terre et une bien meilleure maîtrise de l’occupation du sol en milieu urbain, rural et minier dans les collectivités territoriales.
Ce forum a connu la participation des parlementaires, des représentants des Administrations infranationales et locales, notamment des collectivités territoriales décentralisées, des membres de la Société Civile et du secteur privé, des spécialistes et praticiens des questions d’urbanisme et d’habitat et des représentants du monde scientifique et universitaire.
Durant 3 jours, les participants ont échangé autour de la problématique de l’urbanisation en Guinée, et plusieurs recommandations ont été suggérées par des panélistes, venus des 4 coins de la Guinée et même de l’extérieur du pays.
Le Conseiller principal de l’ONU-Habitat, Claude A. Meutchehe Ngomsi, a rappelé, qu’avec un taux d’urbanisation de 28% en 1990 et une population urbaine estimée à plus d’un million et demi de personnes, la Guinée regroupe près de 40% de sa population dans les établissements humains urbains à ce jour. Selon les projections, ajoute-t-il, la Guinée abritera 56% des urbains et 44% de ruraux à l’horizon 2050. « Soit 13,7 millions d’habitants contre 4,4 millions en 2014.
Selon lui, « dans cette dynamique, fort est de constater que le pays manque d’experts et de techniciens agréés en urbanisme. Contrairement à plusieurs pays d’Afrique, la Guinée ne possède pas un ordre d’urbanistes. Le ratio d’urbanisme est méconnu voire très réduit, estimé à près de 27 pour 100 000 habitants en Grande Bretagne et environ 12 inscrits à l’ordre aux États-Unis », a indiqué Claude Ngomsi.
Par ailleurs, c’est le Ministre du commerce, Boubacar Big-up Barry, qui a présidé la cérémonie d’ouverture du FUNAGUI, en lieu et place du Ministre de la ville et de l’aménagement du territoire, Ibrahima Kourouma. Ce dernier était en déplacement à l’extérieur du pays.
Au cours de son allocution, Boubacar Barry a indiqué que cette rencontre se tient dans un contexte marqué par l’augmentation sans cesse de la population urbaine, la juxtaposition des quartiers huppés et des habitats précaires, l’occupation anarchique des espaces, la réalisation des constructions illégales jusque dans les domaines publics maritimes, et ce malgré les multiples efforts fournis çà et là par les acteurs de la planification urbaine et de l’habitat.
Poursuivant, il a souligné que « pour corriger cette situation, notre pays se dotait il y a environ deux décennies de plusieurs instruments juridiques de planification urbaine, destinés à guider et à orienter le processus d’urbanisation et d’habitation. C’est le cas du schéma national d’aménagement du territoire élaboré en 1991, mais qui a souffert dans son application », a-t-il rappelé.
Cependant, au regard de la diversité des différents facilitateurs et modérateurs, chargés de conduire les débats du FUNAGUI, le Ministre du commerce reste convaincu, « que les recommandations auxquelles vous aboutirez, vont permettre l’élaboration et la réactualisation des documents de référence sur l’urbanisation durable et la problématique du foncier en Guinée », a déclaré Boubacar Barry.
Selon le Pr Alfred Ki-Zerbo, représentant de la sous Secrétaire Générale des Nations-Unies, et Directrice Exécutive de l’ONU-Habitat, « au nom du système des Nations-Unies, nous prenons acte des recommandations formulées lors des trois jours de travaux intenses, et nous prenons l’engagement d’accompagner le Gouvernement et l’ensemble des parties prenantes, au sein de la plate-forme des partenaires techniques et financiers, pour leur mise en œuvre dans le cadre de l’exécution du plan national de développement économique et social de la Guinée, avec une emphase sur l’accélération de nos efforts conjoints vers l’atteinte des objectifs de développement durable », a-t-il déclaré.
À l’en croire, la problématique urbaine est en effet au cœur de l’accélération vers l’atteinte des ODD (objectifs de développement durable, ndlr). « Les villes sont des concentrations humaines. Les villes sont des moteurs de croissance. Les villes sont aussi des incubateurs et des lieux où l’environnement doit être préservé, où la planète doit être préservée », a rappelé Pr Alfred Ki-Zerbo.
À la clôture du FUNAGUI, le Conseiller principal de l’ONU-Habitat, Claude Ngomsi, a invité le Gouvernement de la République de Guinée et tous les acteurs de la Société Civile, du secteur privé, et des universités à s’inscrire et à venir au Forum urbain mondial qui se tiendra à Abou Dhabi du 8 au 13 février 2020, pour partager leurs expériences et identifier les meilleures pratiques à adopter.
Mamadou Alpha Baldé