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Guinée : bilan en démi-teinte pour la junte

Emergence – La junte militaire qui dirige la Guinée célèbre ce mardi 5 septembre, le deuxième anniversaire de sa prise du pouvoir par la force. Emergence revient sur les grandes lignes qui auront marqué la gouvernance du pays.

Sur le plan politique, la mise en action du chronogramme de la transition adopté par la junte et la CEDEAO peine à véritablement commencer. Sur un budget prévisionnel de 600 millions de dollars, seulement 40 millions seraient disponibles. La lenteur avec laquelle le processus de recensement des populations et celui des électeurs se met en place, laisse présager un glissement de calendrier.

Le dialogue politique se déroule en l’absence des ténors de l’opposition. Contraints à un exil forcé, les anciens Premiers ministres Cellou Dalein Diallo et Sidya Touré observent le dialogue national interguinéens à distance.

En revanche, dans le domaine économique, les résultats sont bons. L’Etat s’est doté d’un Programme de Référence Intérimaire (PRI) et le Plan de Relance Economique (PRE), son outil d’opérationnalisation. Le coût du PRI est estimé à 108 mille milliards de francs guinéens, soit plus 12,2 milliards USD, pour 358 projets.

Avec sa mise en œuvre, le gouvernement espère atteindre 6,6% de croissance en moyenne annuelle sur la période 2022 – 2025.

Les indicateurs macroéconomiques sont aussi au vert. Le taux d’inflation est passé à un chiffre (8% en mai).

Les relations avec les partenaires sont au beau fixe. Environ 400 millions de dollars US ont été mobilisés auprès de la Banque mondiale, la BID, la BAD et l’AFD dans le cadre des appuis aux projets.

Par ailleurs, le gouvernement a procédé à la signature de la convention d’utilisation des DTS reçus du FMI pour 284 millions USD, l’apurement des arriérés intérieurs de l’Etat, la réduction de l’endettement du trésor auprès de la BCRG dont la situation est redevenue positive en faveur du trésor de l’ordre de GNF 643 milliards et la mobilisation exceptionnelle des recettes non fiscales à hauteur de 83 millions USD.

L’Etat s’est investi dans la mécanisation de l’agriculture et la constructions d’infrastructures routières. Des investissements rendus possibles grâce à une mobilisation accrue de ressources internes. Ainsi, 1 800 milliards de francs guinéens sont mobilisés dans le cadre de l’épargne intérieure par l’émission d’Obligations du Trésor.

En deux ans, la Guinée est sortie de la liste des pays fragiles de la Banque Africaine de Développement (BAD). Elle est aussi passée de pays à faible revenu à pays à revenu intermédiaire au dernier classement en date de la Banque mondiale. Un bond que seuls deux pays africains ont pu réaliser.  Dans la réalité, cette progression s’explique par la hausse du revenu par tête d’habitant qui est passé de 1 010 USD en 2021 à 1 180 USD en 2022.

Samuel Camara