Emergence – Un vent de panique souffle sur les élus communaux de Matam. En cause, les résultats d’un audit de l’Inspection générale des finances qui font constater un trou rocambolesque de 1,5 milliard de francs guinéens. A l’heure où le CNRD prône la bonne gouvernance et la lutte contre la dilapidation des deniers publics, ce dossier brûlant se trouve sur le bureau du ministre de l’Administration du territoire et de la décentralisation.
Le rapport final des travaux de l’Inspection générale des finances (IGF) couvre la période 2018-2020.
Il révèle un constat alarmant selon lequel la périodicité trimestrielle des sessions ordinaires n’a jamais été respectée, de même que les délais d’adoption et d’approbation du budget et des comptes administratifs et de gestion.
Aussi, le document parcouru par notre Rédaction pointe du doigt « la non-prise en compte par le maire de l’arrêté portant application de l’article 147 du code révisé des collectivités locales sur la délégation de fonction et le retard dans l’élaboration du plan de développement local (PDL).
« Le mauvais fonctionnement des services communaux, la faiblesse des dispositifs de contrôle interne et l’utilisation irrégulière des ressources d’investissement pour financer le fonctionnement », sont autant de dysfonctionnement notés par le rapport. « La commune ne respecte pas la règle de prélèvement de 60 % sur les recettes de fonctionnement pour financer l’investissement. Ce taux de prélèvement est inférieur à 30 % », déplore-t-il.
L’Inspection générale des finances souligne dans son rapport que les recettes recouvrées et non reversées dans le compte de la commune totalise 1 515 121 608 francs guinéens.
Cette somme mirobolante qui manque ainsi à l’appel est repartie entre des recettes fiscales estimées à 280,5 millions de francs, des redevances domaniales pour 329,8 millions de francs, des droits de place de marché et de location pour 904,8 milliards. « Les comptes de gestion des trois exercices révèlent des informations financières non sincères et des discordances avec le compte administratif », révèle le document qui ajoute « l’existence d’un montant de 924,8 millions de francs de dépenses exécutées sans base légale, le non acquittement des prélèvements forfaitaires pour un manque à gagner au profit du budget de l’Etat de 193,4 millions de francs.
Ce trou béant ne laisse personne indifférent au sommet de l’Etat. Aux dernières nouvelles, les auteurs présumés de ce scandale financier qui ne sont autres que le maire de la commune de Matam, Seydouba Sacko, et ses conseillers, ont été reçus cette semaine par le ministre de l’Administration du territoire et de la décentralisation. Mory Condé aurait exigé le remboursement jusqu’au dernier centime de la manne financière volatilisée au risque de dissoudre le Conseil communal.
Si la démarche du jeune ministre est saluée par bon nombre d’observateurs imprégnés de la situation, une partie de l’opinion encourage les autorités à déclencher des poursuites judiciaires à l’encontre les acteurs de cette gestion incriminée.
Samuel Camara