Premier magazine dédié à l’économie guinéenne et africaine

Rapatriement des devises par les sociétés minières : Des interrogations et réserves pertinentes des spécialistes

Emergence – Ce jeudi 31 août, expire l’ultimatum lancé aux sociétés minières par le Gouvernement guinéen pour qu’elles rapatrient les recettes en devises issues des exportations des richesses minières. Ce, en application des articles 184 et 185 du Code minier guinéen.

Si certains consultants miniers saluent la mesure du gouvernement guinéen, par contre d’autres spécialistes pensent qu’il y a un souci de compréhension dans cette affaire de rapatriement des devises des compagnies minières. Pour eux, il est important de dépassionner le débat. «En effet, les compagnies rapatrient effectivement les devises issues de l’exportation des produits miniers, mais au prorata de leurs dépenses dans le pays (les achats de biens et services locaux, les salaires, les impôts et taxes etcétéra). Ce qu’il faut retenir, les domiciliations des devises des entreprises minières à l’étranger n’est pas un choix de gaité de cœur, c’est une obligation pour elles et c’est conventionnel», disent-ils.

Ils insistent que pour faire les gros investissements dans le secteur minier, les entreprises minières après les études de faisabilités bancables, empruntent auprès des banques spécialisées dans ce genre d’investissements pour réaliser ces lourds investissements souvent par milliards de dollars américains. «Les banques locales n’ont pas la capacité de faire face à tels projets et celles étrangères qui s’engagent exigent la domiciliation irrévocable des recettes dans leurs livres pour garantir les remboursements. Cette pratique est commune pour toutes les banques. Imaginez un salarié demandé un prêt bancaire sans au préalable domicilié irrévocablement et préalablement son salaire auprès de sa banque», expliquent-ils.

Ils estiment que le gouvernement guinéen devrait être pragmatique, car il ne sert à rien de se taper la poitrine. «Quand on veut prendre certaines décisions, pour éviter un coup d’épée dans l’eau, il faut se poser la simple question : comment ça se passe ailleurs ? Aujourd’hui, il y a des standards internationaux dans tout ce que l’Homme veut faire, il suffit de se référer», concluent-ils.

Il faut rappeler que le 3 août, le gouvernement, à travers le Gouverneur de la Banque centrale de la République de Guinée (BCRG), avait fait le point sur les rapatriements des recettes issues des exportations minières, en fin juin 2023. Sur 90 millions de dollars qui auraient dû être rapatriés, les banques n’ont reçu que 8 millions de dollars à peu près. Sur 16 millions d’euros que les banques auraient dû recevoir, elles n’ont rien reçu. Et sur le CFA, elles devraient recevoir à peu près 1,5 milliards de francs Cfa, mais les banques n’ont reçu que 700 millions. Ce qui traduit un grand «laxisme», à en croire le gouverneur de la BCRG.

Naplèlon