Les États-Unis ont annoncé le 2 novembre leur intention de suspendre la Guinée de l’AGOA (African Growth and Opportunity Act), Loi sur la croissance et les opportunités en Afrique. La mesure concerne aussi le Mali et l’Éthiopie.
Dans une note au Congrès américain, le président Joe Biden justifie sa décision d’écarter les trois pays d’Afrique subsaharienne pour « non conformité avec les conditions d’éligibilité de l’article 104 de l’AGOA ».
Pour le cas spécifique de la Guinée, le président américain évoque l’incapacité du pays de n’avoir pas « instauré ou n’avoir pas fait de progrès constants vers l’instauration de la protection de l’Etat de droit et du pluralisme politique ».
« Malgré un engagement intensif entre les États-Unis et les gouvernements d’Éthiopie, de Guinée et du Mali, ces gouvernements n’ont pas répondu aux préoccupations des États-Unis concernant leur non-respect des critères d’éligibilité de l’AGOA », poursuit-il dans sa correspondance.
La Guinée et les deux autres pays seront mis à l’écart de l’AGOA à compter du 1er janvier 2022. « Je continuerai d’évaluer si les gouvernements de l’Éthiopie, de la Guinée et du Mali progrès vers la satisfaction des critères d’éligibilité de l’AGOA », signifie-t-il.
Quelles conséquences économiques ?
Pour la Guinée, la décision de l’administration Biden sonne comme un coup. A l’heure où la junte militaire sollicite le soutien de la communauté internationale en vue d’asseoir et renforcer sa crédibilité, cette suspension de la Guinée d’African Growth and Opportunity Act apparait indéniablement comme un défi supplémentaire pour le gouvernement Béavogui.
Mais au-delà de ces enjeux géopolitiques, l’exclusion de la Guinée revêt des conséquences économiques minimes. Et pour cause, les exportations du pays vers les Etats-Unis sont quasi insignifiantes.
Si en Afrique, le Sénégal, la Guinée Bissau, la Côte d’Ivoire, le Mali et le Liberia sont les principales destinations des exportations guinéennes, l’Asie est devenue depuis 2017, la principale destination des produits guinéens hors du continent, avec près de 30 500 milliards de GNF en jeu sur un total des exportations de 41 700 milliards GNF, soit 70%.
Le ministère du Commerce estime que l’Europe a cédé sa place de principale destinations des exportations guinéennes entre 2012 et 2013 quand sa part des exportations qui était d’environ 83% a drastiquement chuté à 30%, puis à 18 %.
Le continent asiatique, avec au premier plan la Chine, occupe la place de premier partenaire commercial de la Guinée depuis 2016 avec l’achat de plus de 80% du minerai de bauxite produit par la Guinée.
En ce qui concerne les exportations globales, la Chine reste toujours le premier partenaire avec près de 70% des exportations, suivie de la Belgique, 6,8%, la France et l’Espagne et les Émirats-arabes-unis avec 2,5% chacun, l’Irlande 2,4% et tous les autres pays avec 13,4%.
Emergence Mag