En 2012, les autorités de la troisième République avaient annoncé la construction du plus grand aéroport international de la Guinée à Maférinyah, l’une des neuf sous-préfectures de Forécariah, située à 100 km de Conakry, la capitale du pays.
Le domaine prévu à cet effet n’a jusqu’ici connu aucune infrastructure prouvant le démarrage des travaux comme annoncé il y a des années.
La majorité des citoyens rencontrés sont partagés entre incertitude et espoir. C’est le cas Sékou Camara, habitant de Madina, un village proche du site. « Nous avions tous suivi l’annonce du président Alpha Condé concernant ce projet d’aéroport. La nouvelle a créé assez d’engouements chez les populations de Forécariah en générale, mais celle de Maférinyah en particulier. Et depuis lors, il n’y a eu aucune suite favorable. Par le passé, on voyait des missions d’inspections sur le site », se désole-t-il.
Ousmane Sylla est diplômé en lettres modernes à l’université de Kindia. Il réside à Maferinyah, en attendant un emploi. Pour lui, ce projet ne connaîtra aucune suite favorable sous le règne d’Alpha Condé. « Quand la nouvelle est tombée nous étions tous contents et optimistes. La plupart des jeunes de la préfecture de Forécariah ont espéré à un emploi vu l’envergure du projet. Mais nous avions compris que c’était une annonce électoraliste du président Alpha Condé. A part cette affaire d’aéroport, il y a beaucoup d’autres projets annoncés dans d’autres localités du pays qui ne sont pas réalisés jusqu’à présent. Nous voyons que son mandat tire vers sa fin. Comme on dit souvent que l’Etat c’est la continuité peut être un autre président réalisera ce projet d’aéroport à Maférinyah. En tout cas je ne suis pas convaincu ».
Ténin Kéita envisageait d’ouvrir un grand restaurant à Madina non loin du site. Elle avait acheté deux parcelles à Madina, non loin du site prévu pour abriter l’aéroport. Mais le retard accusé par le projet la laisse désormais perplexe. « Tout le financement est prêt, mais je préfère attendre jusqu’au démarrage effectif des travaux de l’aéroport pour investir aussi. Je ne peux pas investir maintenant si rien n’est fait », lance celle qui est convaincue que l’aéroport naîtra tôt ou tard. « Il y a beaucoup d’autres personnes qui ont des projets économiques à Maférinyah, mais qui attendent le démarrage des travaux de l’aéroport pour investir ».
Pour les autorités locales, l’espoir est toujours permis. Selon Elhadj Aboubacar Kaliah Camara, maire de la commune rurale de Maférinyah, tout est possible puisqu’il s’agit de l’Etat.
« Depuis que la nouvelle est tombée, il y a eu assez de missions dans le cadre des visites de terrain. La plupart de ces missions étaient composées des expatriés guidés par nos frères guinéens. Jusqu’à présent ces missions d’inspections passent sur le terrain », explique le notable.
En attendant, les autorités de Maférinyah ont interdit toute occupation de l’espace prévu à cet effet. Personne n’y pratique des activités agricoles.
Le domaine situé entre Kali, Senguélen, Hindi, Madina et Guémaita. Il s’agit d’un vaste domaine dont personne ne connait la superficie exacte. Personne ne sait aussi la date exacte du démarrage des travaux.
Toutefois, l’élu ne perd pas espoir. D’après lui, un projet de l’Etat peut connaitre un grand retard mais finit toujours par être réalisé.
« Chaque projet a son temps de réalisation. Il faut que les gens comprennent que l’Etat n’est pas comme une personne ou une famille. Lorsque l’Etat envisage quelque chose, il va le faire quel qu’en soit le temps que cela prendra », tente croire le maire de Manférenya.
En attendant, l’heure est à la ruée sur les terrains. « L’annonce du projet avait suscité un grand engouement dans la localité. Beaucoup de personnes se sont déplacées d’autres localités du pays pour trouver des parcelles ici », commente-t-il.
In Émergence Mag N°10 de Juillet 2020