Il faut désormais être un fidèle téléspectateur du journal télévisé de 20h de la RTG pour ne rien rater de ce qui s’apparente à une véritable purge dans le secteur des mines en Guinée.
Le Président de la République, le Général Mamadi Doumbouya, agit par décret. De son côté, le ministre des Mines, Bouna Sylla, en parfaite synergie avec la volonté du chef de l’État de nettoyer le cadastre minier, prend aussi des arrêtés. L’objectif est clair : débarrasser le secteur minier des faussaires et spéculateurs qui, pendant trop longtemps, ont abusé des ressources du pays.
À ce jour, des centaines de sociétés minières ont perdu leurs permis d’exercer en Guinée. Elles appartiennent à toutes les catégories et tailles, en fonction des investissements réalisés. Certaines étaient en phase d’exploration, d’autres – en plus petit nombre – avaient déjà démarré l’exploitation. C’est le cas de GAC, un consortium émirati installé en Guinée depuis plus de 10 ans, et qui a exporté depuis des dizaines de millions de tonnes de bauxite.
Ce que toutes ces sociétés ont en commun, c’est le non-respect de leurs engagements et la violation du Code minier. Longtemps tolérées, elles ont opéré en toute illégalité, en dehors du cadre légal. Il était temps que l’État mette un terme à cette anarchie, même si certains estiment que cela aurait dû être fait bien plus tôt.
« Ce qui est choquant, c’est que tout le territoire était morcelé et attribué. Partout où l’on allait, on nous disait que c’était une concession attribuée. À ce rythme, si l’État n’avait pas pris ses responsabilités, on aurait fini par déplacer des villages pour attribuer les terres », a fait remarquer un cadre de l’administration minière.
Plus grave encore, certains fonctionnaires du ministère ont contribué à entretenir cette situation. « Eux-mêmes détenaient des permis qu’ils ont cédés à des sociétés sans aucune capacité financière de développer les projets. L’objectif était purement spéculatif », s’est-il indigné.
Ce qui est certain, c’est que ces actions envoient un signal fort : en Guinée, le respect du cadre légal d’investissement n’est plus négociable. Le régime militaire entend assainir durablement la gouvernance minière, et ces décisions courageuses devraient favoriser l’arrivée d’investisseurs sérieux.
Avec cette dynamique de redéfinition du cadre d’investissement, la question désormais dans l’opinion publique est de savoir quelle suite sera donnée à ces mesures. L’inquiétude reste vive : verra-t-on les mêmes personnes, logiquement dépossédées de leurs permis, réussir à les récupérer par des procédés que l’État cherche justement à éliminer ?
Ce qu’il faut, c’est s’assurer que tous ceux ayant perdu leurs permis pour non-respect de leurs engagements figurent sur une liste noire, et ce, pour une période bien déterminée.
Mognouma