Les manifestations politiques en cours en Guinée depuis l’annonce par les partisans du président Alpha Condé d’une possible révision de la Constitution entraînent la chute libre du Franc guinéen.
La Guinée est en proie à de manifestations parfois violentes depuis le 14 octobre, date à laquelle le Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), a pris la résolution d’enchaîner les protestations à l’échelle nationale pour empêcher un éventuel changement de Constitution. Conséquence, la monnaie guinéenne est entrée dans un cycle de fébrilité qui rappelle les années de la junte militaire.
Pour besoin de rappel, le dollar s’échangeait sur le marché officiel à 9 181 francs guinéens le 5 septembre, soit un peu plus d’un mois avant le coup d’envoi des marches de l’opposition. Au même moment, le cours de l’Euro était fixé à 10 115 par la Banque centrale de Guinée.
Le 18 octobre, le billet vert s’est un peu plus consolidé à 9 248 francs guinéens tandis que l’Euro se raffermissait à 10 277 francs guinéens.
Au 5 décembre, la dépréciation de la monnaie guinéenne sur le marché officiel, pourtant habituellement stable et prudent depuis 2011, a atteint son plus bas niveau, avec 9 380 francs pour le dollar et 10 394 pour l’Euro.
Sur le marché parallèle, le plongeon est remarquable. La valeur du franc guinéen s’est effritée au point d’atteindre 10 300 francs pour un Dollar et 11 300 francs guinéens pour un Euro.
Ce repli est dû aux troubles politiques qui, en pareille circonstance, amènent les opérateurs à les devises étrangères comme vraies valeurs refuges.
Et le gouverneur de la BCRG Louncény Nabé reconnait lui-même cette réalité sur la volatilité du franc guinéen. « Les dépréciations ont commencé à partir du 14 octobre quand les manifestations de l’opposition ont commencé », rappelle-t-il. « Quand il y a des tendances de trouble, il y a des opérateurs et agents économiques qui ont des comportements d’anticipations », explique-t-il.
En clair, la première autorité de la Banque centrale reconnait que la chute du franc guinéen s’explique en grande partie par l’incertitude politique entretenue présentement dans le pays. Et le moins que l’on puisse dire que est l’horizon ne semble à s’éclaircir avec la série de manifestations annoncée et les élections législatives de février.
Par Samuel Camara