Emergence – Le budget de l’État guinéen, exercice 2022, adopté par Ordonnance du président de la transition, Colonel Mamadi Doumbouya, le 31 décembre, livre enfin ses secrets. Une comparaison de quelques chiffres laisse perplexe.
Aux premières heures de la prise du pouvoir par le CNRD en septembre, on se souvient, la junte avait brandi le budget fraichement adopté alors par le gouvernement déchu, comme un des motifs de son sursaut dit « patriotique ». Le Colonel Mamadi Doumbouya avait particulièrement fustigé un budget inadapté aux réalités du pays, dont la seule visée inavouée par les concepteurs était de contourner les moyens de contrôle et favoriser l’enrichissement illicite des dignitaires du pouvoir Condé.
Plus de cinq mois après le renversement du régime d’Alpha Condé, l’analyse du budget actuel de l’Etat laisse toujours planer un doute sur l’objectivité des dépenses prévues au sein de certains départements ministériels et institutions. Emergence Magazine vous explique.
La Loi des finances rectificative 2021 adoptée le 3 septembre par l’Assemblée nationale, soit deux jours avant le putsch, budget qui sera d’ailleurs promulgué par le Colonel Mamadi Doumbouya à l’exception du Titre 2 consacré aux « Dépenses de personnel », prévoyait pour la Présidence une allocation budgétaire de 667,3 milliards de francs guinéens contre 492,5 milliards GNF dans la Loi des finances initiale. Le ministère de la Défense nationale s’était vue attribuer 2 400 milliards de francs et contre toute attente, tandis que le budget de la Primature était dégraissé de 24 milliards GNF pour ne se situer qu’à 72,5 milliards GNF.
Dans la LFI 2022 dont les dépenses globales se chiffrent à 30 607 milliards GNF (contre 27 875 milliards l’année dernière), on note que le budget du Palais Mohamed V se chiffre à 725,03 milliards de francs guinéens. En un mot comme en mille, c’est un budget revu à la hausse à un moment où la junte prêche l’austérité.
Le plan pour masquer cette augmentation a consisté à faire croire que l’allocation du palais enregistre une baisse de 26%, puisque passant de 981,3 milliards GNF dans la LFR 2021, donc sous Alpha Condé, à 725,03 milliards dans la LFI 2022, sous Mamadi Doumbouya.
Or sur la base des documents officiels du ministère du Budget, le constat est surprenant. Le Budget de la Présidence n’a pas connu une diminution. En réalité, dans le budget de l’Etat adopté par l’Assemblée nationale peu avant le coup de force et promulgué par le Colonel Doumbouya, il n’existe nulle part des dépenses prévisionnelles de 981,3 milliards pour la Présidence.
L’autre surprise est constatée à la Primature où le budget connait une hausse vertigineuse de 160%, passant de 72,5 milliards de francs avec Ibrahima Kassory Fofana à 189,1 milliards de francs sous Mohamed Béavogui.
Le ministère de la Défense nationale bénéficie pour sa part d’une augmentation de près de 28%. Son allocation est censée atteindre 3 060 milliards GNF avec le général à la retraite Aboubacar Sidiki Camara « Idi Amin » contre 2 400 milliards GNF au temps de Mohamed Diané.
Nous y reviendrons.
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