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Le vaste plan de « Partage de la prospérité » de Kassory remis en cause, plus de 41 milliards GNF et 400 000 USD à justifier

Emergence – L’ANIES (Agence Nationale d’Inclusion Économique et Financière), le cœur du programme baptisé « Partage de la prospérité » initié par l’ancien Premier ministre Ibrahima Kassory Fofana, est soumise à rude épreuve. Financée en partie par la Banque mondiale à hauteur de 120 millions de dollars US, l’agence est présentée par l’actuel ministre de la Justice et des Droits de l’Homme, Charles Wright, comme une institution qui a servi à enrichir, illicitement, ses promoteurs.

Dans un courrier qu’il a adressé au Procureur général près la Cour d’Appel de Conakry et dont l’objet est ainsi libellé : « Injonctions aux faits de poursuites judiciaires pour détournement, de blanchiment, de corruption et complicité », le ministre de la Justice saisit celui-ci à l’effet d’engager des poursuites judiciaires contre l’ex-chef du gouvernement Ibrahima Kassory Fofana. A Kassory Fofana, il ajoute son Conseiller spécial en charge de l’Economie, des Finances et du Budget et alors, Coordinateur de l’ANIES Ansoumane Camara, l’ancienne directrice générale de l’ANIES Madame Sanaba Kaba ainsi que l’ancien SAF de l’agence Alhassane Niagadou et l’ancien contrôleur financier Karifa Camara.

Le montant total incriminé s’élève à plus de 41 milliards de francs guinéens et 400 000 dollars américains.

Pour le ministre de la Justice, l’aide directe planifiée dans le cadre des opérations de l’ANIES qui devait aider à lutter contre l’extrême pauvreté dans le pays a été détournée de ses objectifs. « Le financement de cette politique de partage devrait, dans une perspective de long terme, reposer de manière substantielle sur des financements nationaux même si l’accompagnement des partenaires techniques et financiers était indispensable », dit-il dans sa correspondance. « Plusieurs montants ont été décaissés sans impact réel sur la vie des populations cibles autour desquels subsistent des indices concordants laissant croire au-delà de tous doutes raisonnables qu’ils ont été détournés, blanchis et utilisés à d’autres fins ».

Une saga judiciaire profile ainsi à l’horizon alors que le principal concerné, Ibrahima Kassory Fofana, est toujours en détention pour d’autres faits présumés de détournement, de blanchiment et d’enrichissement illicite.

Lancée en 2019, l’Agence Nationale d’Inclusion Économique et Financière se fixait pour mission de lutter contre l’exclusion sociale, en favorisant l’accès des plus démunis aux services financiers de base.

Elle se donnait pour objectif principal, la réduction à moyen terme de la pauvreté, particulièrement dans les zones rurales avec à la clé sortir environ 6 millions de Guinéens de la misère à l’horizon 2026.

Concrètement, ce programme de « redistribution des fruits de la prospérité économique » se matérialisait sur le terrain par des transferts monétaires en faveur des jeunes, des handicapés et des personnes de plus de 60 ans issus des couchés les plus défavorisées.

A Conakry où les opérations mensuelles de Transferts Monétaires se déroulaient dans toutes les cinq communes, plus de 20 000 ménages en situation de vulnérabilité et d’extrême pauvreté, soit plus de 130 000 personnes étaient concernées, selon des communiqués de l’agence. Les bénéficiaires percevaient 250 000 francs guinéens à partir des points de retraits indiqués à cet effet. Les opérations se passaient à travers les services d’émission de monnaie électronique YUP de la Société Générale et Point Express d’Ecobank.

L’ANIES pilotait également un projet d’électrification en zone rurale. Il s’agissait d’un programme d’accès des ménages à l’énergie et qui concernait 139 villages, près de 36 000 ménages. La phase pilote devait toucher neuf préfectures à savoir Kindia, Forécariah, Mamou, Gaoual, Tougué, Dabola, Kouroussa, Kérouané et Beyla.

L’agence s’était investie dans la lutte contre le Coronavirus à travers la sensibilisation, la désinfection des places publiques et la distribution des kits sanitaires.

Ousmane Sylla

La lettre du ministre de la Justice