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« Le doublement des recettes fiscales est une mission impossible », tranche l’ancien ministre des Finances Ousmane Kaba

Emergence – Le doublement des recettes fiscales et non fiscales prôné par le gouvernement à travers des contrats de performances signés avec les régies de l’Etat est irréalisable. C’est du moins l’avis de l’ancien ministre de l’Economie et des Finances Dr Ousmane Kaba.

Dans un pays comme la Guinée qui plus est ébranlé par la pandémie de Covid-19, cette ambition est quasiment impossible, selon Dr Kaba, présentement leader du Parti des Démocrates pour l’Espoir (PADES).

« En économie vous ne pouvez pas  doubler les recettes sans augmenter les taux  d’imposition en période de récession en plus. Nous sommes en période de  Covid-19, ça veut dire que c’est l’assiette qui se rétrécit. La Guinée est en récession comme tous les pays du monde », a expliqué l’économiste dans un émission du groupe Djoma Media.

En dépit d’un taux de croissance allant de 6 à 7% l’année  dernière, la majorité des guinéens vivent dans la pauvreté.

Selon Ousmane Kaba, cette situation s’explique par le fait que seul  le secteur minier qui a connu une augmentation de 18% et le reste de l’économie 2,5%. « Les gens sont embrouillés avec notre taux de croissance très fort qui est dû essentiellement au secteur minier. Le secteur minier seul fait 18% en augmentation l’année dernière. Les chinois ont décidé d’importer la bauxite de la Guinée. Mais le reste de l’économie 2,5%. Les 3/4 de l’économie font 2,5% parce que le secteur ne fait que 1/4 », a-t-il tenté d’expliquer.

Selon l’opposant, le pays est affecté par son secteur fiscal. Et que la contribution budgétaire reste très faible en raison de l’évasion fiscale dans le secteur minier.

« Vous avez le nombre d’emplois qui n’est pas très élevé malgré tout ce qu’on raconte. On prend la terre, on ne fait pas la transformation. Troisièmement le contenu local, il est faible malheureusement », a-t-il déploré.

Quand l’ancien argentier parle de doublement des recettes, il veut faire allusion sans doute aux contrats de performance signés en début d’année par les ministres de l’économie et du budget et les régies financières.

En guise d’exemple, la Direction nationale des impôts s’est engagée à doubler les recettes publiques et à atteindre un taux de réalisation de 100% correspondant à un objectif budgétaire de 10 178 milliards GNF en 2021 et 14 250 milliards GNF l’année prochaine.

Ousmane Sylla