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La Guinée accorde un délai aux sociétés minières pour rapatrier 50% des revenus d’exportation

Emergence – Le gouvernement guinéen a accordé le délai du 31 août aux compagnies minières en phase d’exploitation pour rapatrier la moitié des revenus tirés de l’exportation des minerais.

L’annonce a été faite aux investisseurs miniers pendant une rencontre tenue au ministère des Mines et de la Géologie, à laquelle ont pris part les ministres des mines, du Commerce, du Budget, de l’Economie et le Gouverneur de la Banque centrale.

La mesure vise plusieurs objectifs, d’après nos sources. Il s’agit d’accroitre les réserves de changes de la Banque centrale, trouver des ressources pour financer les infrastructures, la sécurité ainsi que l’importation des produits de premières nécessité.

Les autorités guinéennes disent s’inscrire dans une logique de rappel. Puisque le rapatriement des revenus est prévu dans les articles 184 et 185 du Code minier.

« Le Code minier est très clair sur le rapatriement de 100% des recettes issues de l’exportation minière. Le gouvernement a voulu commencer par 50% pour démontrer que nous restons encore une destination de préférence pour les miniers », a dit ce jeudi 3 août, Moussa Magassouba, le ministre des Mines et de la Géologie. « Il s’agissait de rappeler aux sociétés minières puisque près de 90% des recettes d’exportations de la Guinée provient malheureusement ou heureusement du secteur minier », a-t-il ajouté.

« Ecart considérable »

En décidant de passer à la vitesse supérieure, l’Etat guinéen veut inverser la tendance. La dizaine de compagnies minières qui exportent les minerais fournissent, en effet, peu d’effort dans le rapatriement des recettes.

Selon le Gouverneur de la BCRG, Karamo Kaba, c’est seulement 8 millions USD qui ont été rapatriés en fin juin sur 90 millions USD attendus. Aucun centime d’euro n’est revenu alors que les prévisions tablaient sur environ 16 millions d’euros. Seulement 500 millions de francs CFA ont été reçus par le système bancaire sur 1,5 milliards de francs CFA attendus.

De quoi irriter les autorités guinéennes. « Ce grand laxisme est là parce que les banques ne jouent pas le jeu. Nous allons prendre nos responsabilités au niveau de la banque centrale », a prévenu Kaba.

Le ministre du Budget trouve aussi « inacceptable » ce faible niveau de recettes. « La loi va avec ses conséquences. Nous avons appelé amicalement pour dire aux sociétés que nous voulons d’ici le 31 août avoir une meilleure lisibilité de cette situation, et que les recettes d’exportations soient rapatriées à 50% », a souligné Dr Lanciné Condé. « Ailleurs, c’est 100% mais ici, nous disons au moins 50% des recettes rapatriées avant le 31 août. »

Pas de sanctions en vue

Pour l’instant, il est difficile de dire si les compagnies risquent des sanctions. D’autant que le gouvernement préfère s’inscrire dans une dynamique de dialogue. « Nous avons des leviers, nous ne voulons pas rentrer dans une dynamique négative avec des investisseurs. Mais nous voulons être fermes sur le fait que la loi doit être respectée en Guinée comme on le fait ailleurs », a affirmé le ministre du Budget.

« L’Etat guinéen dispose de tous les moyens, mais nous voulons continuer à rappeler », a renchérie le ministre des Mines Magassouba. « Nous pensons que les sociétés minières doivent respect ces deux articles du code minier ».

En attendant, les compagnies minières saluent la démarche de concertation adoptée par le gouvernement.

Selon le président de la Chambre des Mines, le rapatriement des recettes générées par l’exportation minière est un rappel à la fois « opportun et pertinent ».

Le Conseil d’administration de la Chambre des mines se réunira pour convenir de l’ensemble des modalités à mettre en place, a indiqué Ismaël Diakité. Parallèlement, a-t-il ajouté, son organisation entend poursuivre les discussions avec l’administration minière pour le traitement des dossiers au cas par cas.

Samuel Camara