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Guinée : l’insécurité alimentaire touche désormais 2,9 millions de ménages (Enquête INS)

Emergence- Malgré ses richesses naturelles et ses terres fertiles, la Guinée fait face à d’importants défis socio-économiques. Le taux de pauvreté est alarmant, et une grande partie des 13,9 millions d’habitants souffre d’insécurité alimentaire et de malnutrition, avec un accès limité à l’éducation de base et aux services de santé, surtout dans les zones rurales.

Cette année, 2,9 millions de ménages guinéens, soit 35,8%, sont en situation d’insécurité alimentaire, selon les résultats de l’enquête menée par l’Institut national de la Statistique (INS) sur l’Analyse Globale de la Vulnérabilité, de la Sécurité Alimentaire et de la Nutrition (AGVSAN) 2024. Comparé à 2018, date de la dernière analyse, la situation alimentaire s’est nettement détériorée, avec un taux d’insécurité alimentaire passant de 21,8 % en 2018 à 35,8 % en 2024, soit une hausse de 14 points.

Réalisée sous la direction du Comité de pilotage composé des ministères sectoriels, les agences du Système des Nations Unies, la Banque mondiale et d’autres partenaires de la Guinée, les résultats de l’AGVSAN ont été présentés le 29 novembre 2024. Elle fournit un diagnostic détaillé de l’insécurité alimentaire et nutritionnelle en Guinée. Elle a touché 12 679 ménages à travers les 33 préfectures du pays et la capitale Conakry, avec une période de collecte des données du 15 mai au 15 juin 2024. Elle couvre aussi ses causes sous-jacentes et identifie les groupes vulnérables au niveau national, régional et préfectoral.

Ces résultats indiquent que cette situation est principalement due à la précarité de ces ménages, souvent contraints de s’endetter en période de soudure pour se nourrir. Ils annoncent que 3,2 millions d’enfants de moins de 5 ans souffrent de retard de croissance et que 7,7 millions de personnes vivent dans la pauvreté.

Prévalence de l’insécurité alimentaire et nutritionnelle

Selon les résultats de l’AGVSAN 2024, cette insécurité alimentaire touchant 35,8% des ménages guinéens est repartie entre 33,4% en insécurité modéré et 2,4% en insécurité sévère. Ce chiffre souligne une détérioration des conditions de vie et d’accès à la nourriture. Les régions les plus affectées sont Faranah (47,8%) et N’Zérékoré (47%), suivies de Boké, Mamou, Kankan et Kindia, avec la préfecture de Yomou enregistrant des taux critiques de 77% de ménages en insécurité alimentaire.

Sur le plan nutritionnel, 4% des enfants de moins de 5 ans souffrent de malnutrition aiguë, avec une prévalence sévère de 1,7%. La situation est également alarmante chez les femmes en âge de procréer (15-49 ans), où 7,6% montrent des signes de dénutrition aiguë, ce taux monte à 14,3% dans la région de Boké et 14,8% à Conakry. Ces indicateurs montrent une vulnérabilité nutritionnelle accrue, particulièrement dans les zones à forte pauvreté et éloignées des centres urbains.

S’agissant des causes sous-adjacents de cette insécurité alimentaire, l’enquête cite, en plus de l’endettement, la réduction de la production agricole due à la dégradation des sols ; la faible mécanisation et l’utilisation limitée des intrants par les agriculteurs ; les pertes de récoltes, les mauvaises conditions de stockage, le manque de transformation des produits, et le mauvais état des routes, souvent dégradées par les inondations ou les pluies intenses, limitent également l’accès aux marchés.

Recommandations

L’AGVSAN 2024 propose une série de recommandations visant à réduire l’insécurité alimentaire et à améliorer la résilience des communautés rurales en Guinée. Elle recommande entre autres : améliorer l’accès aux intrants, moderniser les techniques agricoles et investir dans des infrastructures de stockage ; mettre en place des transferts monétaires et des filets sociaux dans les zones à haute insécurité alimentaire ; l’établissement de cantines scolaires dans les zones les plus vulnérables ; établir une surveillance régulière de la sécurité alimentaire et des systèmes d’alerte précoce ; améliorer les infrastructures routières et l’accès aux marchés pour les villages.

Il faut noter que pour continuer son assistance à la Guinée durant les six prochains mois, le Programme Alimentaire Mondial (PAM) dit avoir besoin de 4,9 millions de dollars américains.

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