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LFR 2021 : le budget de la démesure et du paradoxe

Emergence – En pleine pandémie de Coronavirus, l’Assemblée nationale de Guinée s’apprête à adopter la Loi des finances rectificative 2021 présentée par le gouvernement la semaine dernière. Un texte de loi qui réduit drastiquement les budgets des secteurs essentiels comme l’Education nationale, l’Agriculture et l’Environnement. Autopsie. 

La LFR 2021 soumis aux parlementaires par le ministre du Budget est l’une des plus controversées en dix ans.

Si le document projette un taux de croissance de 5,2% et une inflation de 8,5% au 31 décembre, les projections de recettes se situent à 25 783, 95  milliards de francs guinéens contre 29 316,54 milliards de francs guinéens pour les dépenses.

De ces dépenses, seulement 8 905,73 milliards de francs sont consacrés aux investissements.

Et c’est là le premier couac. A l’heure où la quasi-totalité des projets d’infrastructures sont à l’arrêt pour faute de financements, la ligne consacrée aux investissements ne représente qu’environ 30% du budget de l’Etat. Le reste est constitué de dépenses courantes pour 28 331,21 milliards GNF et de budget d’affectation (985 milliards GNF).

Par ailleurs, l’autre aspect difficile à comprendre est l’accroissement démesuré, à la surprise générale, du budget de la Présidence de la République. De 492,5 milliards de francs dans la Loi des finances initiales, celui-ci passe à 667,3 milliards. Soit une augmentation de 174,8 milliards de francs guinéens.

Moins chanceuse, la Primature voit son budget baisser de 24 milliards de francs guinéens pour se situer à 72,5 milliards de francs guinéens.

Si les ministères de la Justice et de la Sécurité bénéficient respectivement d’une rallonge de 104 milliards et de 86 milliards, ce l’on peu comprendre au regard des réformes qui s’imposent dans lesdits secteurs, certains départements et institutions bénéficient d’augmentations difficiles à justifier.

C’est le cas du ministère de l’Economie et des Finances qui voit son budget passer de 200 milliards à 316 milliards, et l’Assemblée nationale 273 milliards à 357 milliards, soit une hausse de plus de 84 milliards de francs.

Une autre ligne dite « Autres dépenses de la Présidence de la République » est aussi confortement servie. Elle passe de 197,9 milliards à 377,5 milliards de francs guinéens. Tout comme la Cour constitutionnelle qui bénéficie d’une augmentation ahurissante de 198 milliards pour avoir au final 222,2 milliards de francs guinéens. De même que le Conseil économique et social qui passe de 23 milliards dans la LFI à 79 milliards dans la LFR.

A l’heure de la reprise économique, le ministère du Tourisme figure parmi les départements dont l’accroissement du budget est à apprécier. Son allocation passe ainsi de 63,5 milliards à 64 milliards, soit une augmentation de 523 millions de francs guinéens.

Quid des départements porteurs de croissance ?

C’est devenu une tradition. Plusieurs départements stratégiques, porteurs de croissance, sont mal lotis dans ce budget.

En pleine crise sanitaire, où l’Etat fait face au moins à trois épidémies, le budget du ministère de la Santé est amputé de 786 milliards pour se situer à 1 186 milliards de francs guinéens.

L’austérité budgétaire frappe aussi le ministère de l’Agriculture. Le président Alpha Condé a promis l’autosuffisance alimentaire. Mais au même moment, le budget du département technique en charge de la mise en œuvre de cette vision présidentielle est réduit de 14 milliards GNF. Il est désormais de 276 milliards contre 290 milliards dans la loi des finances initiales adoptée au début de l’année. C’est sur la ligne de crédit « Dépenses d’investissements » que l’amputation est constatée.

Aussi, le ministère de l’Education nationale et de l’Alphabétisation va devoir se serrer la ceinture. De 1 993,2 milliards de francs, son budget perd 179 millions de francs. L’Enseignement technique et la Formation professionnel constate pour sa part une réduction de 57 milliards. Avec 176 milliards de francs dans la LFR, le ministère de L’Environnement perd 35 milliards de francs.

Quant au ministère des Pêches, de l’Aquaculture et de l’Economie maritime, il devra constater une diminution de son budget initial de 2 milliards de francs guinéens. Il est maintenant de 60,7 milliards de francs guinéens.

Samuel Camara