Emergence – En Guinée, le personnel impliqué dans la lutte contre le Covid-19 projette une grève générale illimitée à compter du vendredi 13 novembre. Comme exigence, il réclame le paiement sans condition des primes dites « exceptionnelles » qu’aurait promis le gouvernement dans son Plan national de riposte à l’épidémie.
Bruits de grève au sein de l’équipe placée en première ligne de la riposte au Covid-19.
En zone rouge depuis la déclaration de la maladie en Guinée en mars, le personnel composé de médecins, hygiénistes, infirmiers, chauffeurs, socio-anthropologues, agents de forces de sécurité veut cesser toute activité en fin de semaine prochaine si les autorités en charge du système sanitaires ne payent ses « primes exceptionnelles ».
Selon le Coordinateur du collectif des travailleurs impliqués dans la lutte, Dr Kaba Kéita, le débrayage sera l’ultime solution. Et les primes dont il s’agit sont celles devant être payées pour encourager le personnel à amortir le choc économique de la pandémie.
« Si nous allons en grève, il n’y aura pas de tests Covid-19 pour les voyageurs, ni de nouvelles hospitalisations, encore moins d’assainissement des salles de malades », prévient Dr Kéita au Magazine Emergence, précisant toutefois que le service minimum sera garanti par exemple pour les patients sous assistances respiratoires.
15 millions GNF
Les travailleurs des centres de traitement de Coronavirus revendiquent des primes de trois mois [juillet-août-septembre] en raison de cinq millions de francs guinéens par mois. Tout calcul fait, chacun s’attend à 15 millions de francs guinéens.
Le personnel soignant soutient que ces primes constituent une partie du Plan de riposte gouvernemental qui a décidé de la gratuité de l’eau, l’électricité et le transport public.
Prêt à se faire entendre et à obtenir gain de cause, il a organisé un sit-in de 40 minutes hier lundi devant l’hôpital national Donka.
« Il s’agit d’un avant-goût de la grève que nous allons déclencher », commente le Coordinateur du groupe.
Commission de concertation
Lundi, peu après le sit-in, le Premier ministre Dr Ibrahima Kassory Fofana a reçu les travailleurs mécontents.
Une commission a été constituée. Les résultats de son travail sont attendus dans ce mardi 3 novembre.
En attendant la conclusion de la commission, le Collectif ne désarme pas.
« Notre préavis de grève reste maintenu bien que les négociations soient en cours », ajoute le Dr Kaba Kéita.
« Si nous n’avons pas nos primes d’ici le 12 novembre, nous allons en grève le lendemain », insiste le médecin, visiblement déterminé à mettre sa menace à exécution.
Samuel Camara
dcm@emergencegn.net