A moins de deux semaines du début du Ramadan, les prix des denrées de première nécessité connaissent une forte augmentation sur les marchés guinéens.
La hausse généralisée des prix des produits de grande consommation sur les marchés de la capitale guinéenne comme Matoto, Yimbaya, Bonfi et Madina inquiète les consommateurs. Citoyens et commerçants s’accusent mutuellement, s’ils ne pointent pas tous un doigt accusateur vers le gouvernement.
Le sac de 50kg du riz net qui était vendu à 250 000 francs se négocie actuellement entre 285 000 GNF et 330 000 en fonction des qualités. Le prix d’un sac de sucre autrefois à 380 000 francs est vendu entre 400 000 et 420 000 GNF. Le bidon d’huile de palme de 20 litres pourtant produit en Guinée est à 310 000 GNF, alors qu’il se négociait 250.000 GNF.
Le constat est que ces prix varient du jour au lendemain avec les même arguments : la chute du franc guinéen par rapport aux principales devises étrangères et la fermeture des frontières avec le Sénégal.
Alsény Diallo, un commerçant au marché de Yimbaya explique que l’instabilité des prix est lié au monopole d’importation de certaines marchandises. « Par exemple, la marque CIAO, (riz et l’huile), est importée par une seule personne. Si l’importateur augmente les prix, tous les prix vont augmenter au niveau national », explique l’homme d’affaires pour qui le changement quasi quotidien des prix ne dépendant pas des commerçants. « A chaque fois que nous partons acheter nos marchandises au grand marché de Madina, nous trouvons à notre grand étonnement que les prix ont augmenté », souligne-t-il.
Quant à Aminata Sylla, vendeuse d’huile de palme au marché de Tannerie, elle accuse l’Etat d’être à l’origine de cette flambée. « La fermeture des frontières par l’État guinéen est une des raisons de l’augmentation des prix. Il y a certains produits qui viennent des pays voisins. Depuis la fermeture, ces produits sont rares et les prix ont grimpé », commente-t-elle. « Il y a l’effet du coronavirus aussi ».
Contrairement à ces deux, Fanta Kallo pense que la fermeture des frontières et le coronavirus sont des prétextes pour les commerçants qui se livrent à une augmentation fantaisiste des prix.
Pour elle, c’est une tradition en Guinée que les prix augmentent à l’approche de chaque mois de Ramadan.
« Les gens savent bien que les prix des denrées de première nécessité grimpent à chaque approche du mois de Ramadan. Je pense bien que la fermeture des frontières et le coronavirus sont des prétextes », indique cette citoyenne qui habite au quartier Gbessia.
Cette hausse exponentielle des prix intervient cette année alors même que le gouvernement invite les guinéens à se serrer la ceinture pour les mois à venir.
Par ailleurs, la hausse des prix des produits pétroliers à la pompe annoncée par le gouvernement et confirmée par le Président Alpha Condé n’augure guère un repit. perspectives
Dans cette imbroglio, le Groupe Organisé des Hommes d’Affaires (GOHA) invite les opérateurs économiques guinéens à maintenir les prix anciennement pratiqués pendant la période du jeun musulman à défaut de les réduire.
« Nous devons rester solidaires face à ce régime irresponsable pour faire face à cette période de pénitence et de sacrifices », a lancé son président Chérif Mohamed Abdallah Haidara Chérif. « C’est vrai que la mauvaise gestion instaurée et perpétuée par le régime d’Alpha Condé a appauvri la majorité de la population, c’est vrai que la fermeture prolongée et inexplicable des frontières décidée par Alpha Condé a compliqué l’approvisionnement des populations en certains biens de première nécessité, (…) cette demande acceptée, permettra à nos compatriotes de mieux accomplir leurs obligations courant le mois de ramadan », a dit le président du GOHA dans une déclaration datée du 27 mars.
Un appel qui est loin de tomber dans des oreilles attentives pour l’instant.
Ousmane Sylla