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Énergie : les hauts et les bas d’un secteur qui pique du nez

Victimes d’opérations de délestage récurrent sur le réseau électrique, à leur corps défendant, les populations de la capitale broient du noir. De quoi entraîner des poussées de fièvre dans la cité, avec à la clé des manifestations de rue enregistrées ici et là, dans les quartiers de Conakry.

Des convulsions qui se soldent parfois par des cas de mort, dus à la répression violente et disproportionnée des forces de l’ordre. Pourquoi réprimer des populations dont le seul tort est de demander une desserte régulière du courant, vu que la Guinée dispose de deux centrales hydroélectriques, à savoir Kaléta et Souapiti. Dotées respectivement d’une puissance de 240 mégawatts et 550 mégawatts.

Bâties sous le magistère d’Alpha Condé, grâce à la bénédiction de la coopération chinoise, ces deux barrages pouvaient à eux seuls fournir le courant à une bonne partie du pays.

Malheureusement ce n’est pas le cas. On en est aujourd’hui à l’amer constat que Kaleta et Souapiti, des ouvrages réalisés par la China International Water & Electric Corporation (CWE) pour un coût qui surpasse les deux milliards de dollars us, sont en panne sèche. De quoi menacer leur fonctionnement. Une situation due au manque d’eau, corollaire du réchauffement climatique.

Il faut désormais ne surtout pas compter sur l’apport de ces centrales pour approvisionner la capitale en courant.

Le gouvernement du président déchu l’avait bien appris à ses dépens. D’où le recours depuis 2020 au bateau turc Karadeniz Powership, une centrale flottante dont le coût mensuel était estimé à 4 millions de dollars us.

Une option que la junte de Mamadi Doumbouya a écartée d’un revers de main, une fois au pouvoir le 05 septembre 2021. Estimant l’ardoise trop salée pour le contribuable en ces temps de vaches maigres.

Mais avec la persistance des délestages, attisant ainsi la colère des populations, le pouvoir serait en train de se raviser, pour recourir à son tour à la même formule.

On apprend ainsi le retour imminent du bateau turc, d’une capacité de 115 mégawatts, à partir du mois d’août.

Vivement le retour de ce fameux bateau, même si cela pourrait obérer la tirelire du contribuable. Pourvu que la desserte en courant connaisse une nette amélioration.

En attendant que d’autres voies soient explorées par les pouvoirs publics, pour doper la production électrique de la Guinée, dont le potentiel hydroélectrique serait d’environ 6.000 mégawatts. A ce jour, moins de 6% de ce potentiel seraient valorisés. Malheureusement.

Autant de défis qui attendent l’actuel ministre de l’Énergie, Aboubacar Camara. Espérons qu’il puisse tenir tout cela par le bon bout. C’est tout le mal que je puisse lui souhaiter. Pour le bonheur des Guinéens.

In Emergence Mag N°28 d’Août 2024