Emergence -L’État guinéen, à travers l’Électricité de Guinée ou EDG, vient de renouveler le contrat de fourniture d’énergie qui le liait à l’énergéticien turc Karpowership. Le nouveau contrat a une durée d’un an. Il est présenté par les nouvelles autorités comme assez avantageux. Mais il suscite quelques interrogations.
Le contrat fraichement paraphé vient reconduire l’accord signé en décembre 2019 par les deux parties et qui autorisait la compagnie turque à mettre 105 mégawatts d’énergie sur le réseau pendant.
Par la suite, la centrale flottante Karadeniz Powership İbrahim Bey est entrée en activité à partir de février 2020. Ce qui a permis de produire près de 10% de l’énergie totale d’EDG et de bénéficier d’une nouvelle rallonge en 2021.
Selon le Premier ministre Mohamed Béavogui qui s’exprimait ce 12 mars sur les antennes de la RTG, le nouveau contrat qui vient d’être signé a aussi une durée d’un an. Et qu’il a été renégocié sur la base de 19,4 millions de dollars US contre 34,02 millions de dollars US pour le précédent accord. Il devrait permettre à la société de continuer à injecter 105 mégawatts sur l’ensemble du réseau, en attendant la fin des travaux de rénovation des barrages hydroélectriques Garafiri et Donkéa, ainsi que ceux des centrales thermiques de Tombo.
Naturellement, le chef du gouvernement de la transition présente le nouvel accord comme une prouesse qui aura permis d’économiser environ 14,5 millions de dollars US. Ce qui est tout à fait normal et en l’honneur des nouveaux dirigeants du pays qui insufflent une nouvelle dynamique dans la gestion des biens publics.
Cependant, ce rabais considérable alors que la capacité de production reste intacte soulève de nombreuses questions sur le précédent deal passé, rappelons-le, dans des conditions opaques. Depuis l’arrivée du CNRD, de nombreux concierges d’immeubles qui abritent des institutions étatiques sentant la menace se profiler à l’horizon ont appelé, de leur propre chef, l’Etat pour proposer des réductions. La face cachée de ces actions à priori volontaristes est que les rétrocommissions ont dû sauter entre-temps. Et que les hauts commis de l’Etat qui les percevaient sont tombés en disgrâce et n’osent plus les réclamer.
S’agit-il d’un cas similaire pour le contrat de Karpowership ? Les 14 millions de dollars US « abandonnés » si gracieusement par la société turque représentent-ils des commissions qui revenaient à des pontes du régime défunt ?
Emergence Mag