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Déficit public de la France : le FMI alerte sur un risque de dérapage budgétaire à moyen terme

Dans un rapport publié ce mercredi 23 octobre, le Fonds monétaire international attend « plus de clarté » sur la politique de la France pour rétablir la trajectoire des finances publiques.

Encore en discussion à l’Assemblée nationale , le budget 2025 est déjà scruté avec intérêt par les acteurs du monde économique. Le Fonds monétaire international (FMI) a dit s’attendre à « plus de clarté » sur les mesures de réajustement budgétaire en France, mettant en avant le risque de voir la dette et le déficit déraper fortement à moyen terme.

Si rien n’est fait, le déficit public annuel se maintiendra entre 5,8 et 5,9 % du PIB d’ici à 2029, selon le rapport sur les finances publiques du FMI publié ce mercredi 23 octobre, avec une dette qui atteindra alors 124,1 % du PIB, alors que l’institution de Washington l’attend à 112,3 % pour la fin de cette année.

Les estimations sur le déficit et la dette ne tiennent toutefois pas compte des 60 milliards d’euros que le gouvernement Barnier veut dégager l’an prochain. Initialement prévu à 4,4 % par le précédent exécutif, le déficit public pourrait dépasser les 6 % en 2024 .

« Le gouvernement a présenté des idées, des propositions qui vont dans la bonne direction, mais nous attendons plus de clarté sur les mesures qui seront réellement mises en œuvre en France », a affirmé mercredi Vitor Gaspar, directeur du département des affaires budgétaires auprès de l’institution de Washington, lors d’une conférence de presse.

« La France fait partie des pays dont la dette a considérablement augmenté par rapport au niveau prépandémie et, en l’état actuel, nos projections anticipent une hausse d’environ deux points de pourcentage par an », a-t-il ajouté.

Ce mercredi, Vitor Gaspar a estimé nécessaire de « montrer que la France garde sa dette sous contrôle, de manière crédible, et dans le cadre européen ».

Les agences de notation attentives

Au-delà de 2025, un « plan budgétaire et structurel à moyen terme » du gouvernement portant sur la période 2025-2029, consulté par l’AFP, a pour objectif de ramener le déficit public à 2,8 % du PIB en 2029, sous le seuil maximal de 3 % prévu par les règles budgétaires européennes.

Plusieurs experts jugent les prévisions du gouvernement trop optimistes, à l’instar de l’agence de notation Fitch qui a dit début octobre prévoir 5,4 % de PIB de déficit en 2025 tandis que le gouvernement table sur 5 %. Une autre agence, Moody’s, doit publier vendredi 25 octobre sa notation pour la dette française et un abaissement n’est pas exclu alors qu’elle note actuellement la France à « Aa2 » (l’équivalent de 18 sur une échelle de 20 niveaux de notation), un cran au-dessus des autres agences.

Il est par ailleurs nécessaire de trouver un équilibre entre consolidation budgétaire et renforcement de « la croissance et la compétitivité », a souligné Vitor Gaspar lors d’un entretien accordé à des journalistes de l’AFP. « Il est important que la France poursuive ses réformes structurelles pour soutenir l’emploi et augmenter sa productivité, mettre en place des réformes de l’éducation, ce que nous appelons investir dans les personnes est essentiel pour le pays », a précisé le membre du FMI.

Selon le rapport de l’institution monétaire, « dans les économies avancées où la charge fiscale est déjà élevée, les ajustements devraient reposer davantage sur une redéfinition des priorités en matière de dépenses (par exemple, par le biais d’un examen général des dépenses) dans le cadre d’une réduction globale des dépenses publiques ». Or la charge de la dette est aujourd’hui le deuxième poste budgétaire derrière l’éducation avec plus de 50 milliards d’euros et elle est susceptible de devenir le premier d’ici à 2027 . Ce poids réduit d’autant les marges de manœuvre financières.

L’an prochain, alors que la croissance atteindrait 1,1 %, comme cette année, sur fond de fort ralentissement de l’inflation, la dette publique continuerait de gonfler pour frôler les 115 % du PIB, presque le double du maximum fixé à 60 % par Bruxelles.

Lepoint.fr