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Croissance mondiale : le FMI un peu moins pessimiste qu’à l’automne

Le Fonds monétaire international prévoit désormais que le PIB de la planète progressera de 2,9 % en 2023. Cela marquerait un ralentissement par rapport à 2022, mais une hausse par rapport aux estimations livrées en octobre. 

 

Le Fonds monétaire international (FMI) voit la lumière au bout du tunnel. Dans ses prévisions publiées mardi 31 janvier, l’institution de Washington anticipe certes un ralentissement de la croissance mondiale à 2,9 % en 2023, après 3,4 % en 2022, mais ses estimations sont nettement plus optimistes qu’en octobre 2022 (en hausse de 0,2 point de pourcentage), ce qui témoigne, selon le fonds, « des résultats positifs inattendus et de la résilience plus forte que prévu dans de nombreux pays ».

« Cette année [2023] pourrait marquer un tournant, avec une croissance qui atteint son point le plus bas et une inflation qui ralentit », affirme Pierre-Olivier Gourinchas, l’économiste en chef du FMI. La croissance devrait ensuite s’accélérer, à 3,1 % en 2024. Des projections qui tranchent avec celles, nettement plus pessimistes, de la Banque mondiale, laquelle prévoit une hausse du produit intérieur brut (PIB) mondial de seulement 1,7 % en 2023, le plus faible taux enregistré depuis trois décennies, hors récession.

L’optimisme du FMI tient à plusieurs raisons. L’économie mondiale a d’abord fait preuve d’une résistance bien plus importante qu’attendu au troisième trimestre 2022. Cela a été le cas en Europe, grâce à un soutien budgétaire important (équivalant à 1,2 % du PIB du Vieux Continent), qui a permis d’amortir le choc de la hausse des tarifs de l’énergie sur le pouvoir d’achat et les investissements.

« Soutien budgétaire au pouvoir d’achat »

Finalement, la zone euro devrait connaître une croissance de 0,7 % en 2023 (+ 0,2 point de pourcentage par rapport aux prévisions d’octobre 2022). Une embellie attribuée entre autres par le FMI à « la baisse des prix de gros de l’énergie » et aux « annonces supplémentaires de soutien budgétaire au pouvoir d’achat ». La situation devrait au contraire se dégrader au Royaume-Uni, avec une contraction du PIB de 0,6 % attendue en 2023, du fait du durcissement des politiques budgétaire et monétaire.

La question des prix – notamment ceux de l’énergie – a été particulièrement étudiée par le FMI. « Ceux du gaz ont enregistré une baisse plus importante que prévu, souligne le fonds, en raison de l’augmentation des flux (…) en provenance des fournisseurs non russes, du tarissement de la demande de gaz et d’un hiver plus doux que d’habitude. » Ensuite, l’inflation a commencé à ralentir après la forte poussée de ces derniers mois.

La hausse des prix s’est interrompue grâce à l’élimination des goulets d’étranglement dans le commerce maritime et au resserrement généralisé des politiques monétaires

En 2022, le monde n’avait pas connu une flambée des prix aussi importante au cours des quatre décennies écoulées, sous l’effet conjugué de la guerre en Ukraine, des fermetures d’usines en Chine imposées par sa politique zéro Covid et de l’ouverture des vannes du crédit pour relancer l’activité au sortir de la pandémie de Covid-19.

La hausse s’est interrompue grâce à l’élimination des goulets d’étranglement dans le commerce maritime et au resserrement généralisé des politiques monétaires. Elle devrait passer de 8,8 % en 2022 à 6,6 % en 2023 et 4,3 % en 2024. « La lutte contre l’inflation commence à porter ses fruits, mais les banques centrales doivent poursuivre leurs efforts », analyse M. Gourinchas.

Ce point de vue rejoint celui de la présidente de la Banque centrale européenne. L’année en cours « ne sera pas brillante, mais bien meilleure que ce qu’on craignait », a déclaré, le 19 janvier, Christine Lagarde, à Davos (Suisse). Autre inquiétude qui s’est dissipée : l’appréciation du dollar. Son cours a légèrement fléchi depuis septembre 2022, ce qui donne de l’oxygène aux pays émergents et en développement, notamment ceux qui se sont endettés dans la devise américaine.

Les pays émergents attirent à nouveau les capitaux étrangers

La croissance mondiale en 2023 sera désynchronisée de celle des émergents, Chine en tête, qui accélère et devrait être plus élevée en 2023 par rapport à 2022, soit l’exact contraire de la situation des économies dites « avancées ». Après avoir vu leur étoile pâlir en 2022, les pays émergents attirent à nouveau les capitaux étrangers, avec des flux qui ont retrouvé en janvier 2023 leur niveau de décembre 2020.

Selon les chiffres de l’Institute of International Finance, l’association qui regroupe les principaux investisseurs institutionnels de la planète, le solde des flux de capitaux à destination des émergents a dépassé le seuil de 1 milliard de dollars (920 millions d’euros) par jour en janvier, alors qu’il était descendu dans le rouge en septembre.

Chez les émergents asiatiques, la hausse du PIB devrait même atteindre 5,3 % en 2023, contre 4,3 % en 2022, d’après le FMI. A elles deux, l’Inde et la Chine pourraient totaliser la moitié de la croissance mondiale. Même la situation de la Russie ne s’annonce pas aussi mauvaise qu’anticipé. La contraction de son PIB se limitera à 2,2 % grâce à un important effort budgétaire de relance et au maintien de ses volumes d’exportation de pétrole.

Lemonde.fr