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CEDEAO : la menace de retrait du Burkina Faso, du Mali et du Niger affecte la notation de la BIDC

Emergence-Les États-Unis d’Amérique viennent de jeter un pavé dans la mare économique de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). A travers leur agence de notation Fitch Ratings, ils ont reconduit la note «B» de la Banque d’investissement et de développement de la CEDEAO (BIDC) au terme d’une évaluation publiée le 12 avril 2024.

Le bras financier de la CEDEAO est maintenu dans cette catégorie malgré des efforts d’assainissement de son bilan. Pourquoi ? L’hypothèse d’un retrait du Mali, du Niger et du Burkina Faso de la CEDEAO est passée par là. Surtout que selon Fitch, ces trois pays représentent 23% du total des prêts de la BIDC dont 124 millions USD (7,6 milliards FCFA) dus par les trois gouvernements sécessionnistes. En cas de retrait confirmé, la BIDC pourrait retenir le capital versé de ces 3 pays (33 millions USD). Mais ce serait insuffisant pour couvrir le montant dû par ces derniers. Ce scénario pourrait affecter aussi la performance de la banque, entraînant une augmentation des prêts improductifs.

Pire, Fitch Ratings n’exclut donc pas de rabaisser la note de crédit de la banque si jamais les trois pays concrétisent leurs intentions de retrait de la CEDEAO. Rappelons que c’est le 28 janvier dernier que ces trois pays ont surpris la communauté internationale en annonçant conjointement leur retrait de la CEDEAO, optant pour l’Alliance des États du Sahel (AES). Ce choix, motivé principalement par des considérations politiques, découle des sanctions imposées par la CEDEAO à la suite des récents coups d’État dans ces pays. Le 24 février dernier, la conférence des chefs d’État et de gouvernement de la CEDEAO a décidé de lever ces sanctions et invité ces pays à « reconsidérer leur décision », au regard des avantages que l’appartenance à la Communauté procure à tous les États membres.

Fitch Ratings entrevoit, toutefois une perspective stable, même s’il maintient l’institution dans la catégorie «hautement spéculatif» situé 6 crans au-dessus du défaut de paiement. Le ratio fonds propres/total bilan de la BIDC, qui permet d’évaluer la solidité financière d’une institution, est tombé à 29 % à la fin de 2023, contre 40 % en 2021. La solidité de la BIDC a été soutenue par la libération par certains actionnaires de leurs parts dans le capital notamment la Côte d’Ivoire et le Ghana qui ont versé un total de 29,6 millions USD (soit environ 60 milliards FCFA) à la banque.

Fitch Ratings note une amélioration de la qualité du portefeuille de la banque grâce à une meilleure gestion du risque : «Environ la moitié des prêts sont accordés à des États souverains, qui étaient tous performants à la fin de 2023». Il anticipe certainement sur une décélération de la croissance du portefeuille de prêts accordé par la BIDC au sein de la CEDEAO dans les années à venir.

Naplèlon