Premier magazine dédié à l’économie guinéenne et africaine

Bauxite : Au cœur de GAC à Kamsar

Guinea Alumina Corporation – GAC – tourne à plein régime. La compagnie affiche l’objectif d’exporter très rapidement 12 millions de tonnes de bauxite. Une ambition à portée de main au regard des investissements réalisés dans la mine, les infrastructures ferroviaires et portuaires. Reportage.

Kamsar, sur la zone portuaire de Guinea Alumina Corporation. L’imposante roue-pelle déverse de la bauxite en fonction des teneurs sur une aire de stockage d’une capacité de 300.000 tonnes. Cette terre rouge de laquelle est produit l’aluminium est prête à être acheminée vers les sidérurgies indiennes et chinoises.  Depuis août 2019, la filiale à 100% d’Emirates Global Aluminium, cinquième producteur mondial d’aluminium est entrée en production, déjouant les pronostics les plus pessimistes qui pariaient jusque-là sur un éventuel report de son deadline.

« C’est une véritable success story », lâche non sans un sentiment de satisfaction, Bangaly Camara, un Superviseur de la compagnie. « C’est une fierté d’appartenir à cette compagnie et de vivre cette réalité », ajoute-t-il.

Un parcours de géant

L’exploitation de GAC a démarré par le « Plateau 20 » situé dans le village Tinkilinta, à cheval entre Boké et Sangarédi. La compagnie y exploite une concession minière de 690 km² dont la teneur en alumine est parmi les meilleures au monde.  Pour atteindre ses objectifs, elle n’a pas lésiné sur les moyens : un investissement global de 1,4 milliard de dollars a été nécessaire.

Dans la zone minière où les bulldozers, les grosses bennes sont constamment en action et où l’opération se concassage s’effectue avant le chargement des wagons, la sécurité et la protection de l’environnement constituent les priorités. « Nous fournissons assez d’efforts pour réduire les émissions de poussières non seulement pour nos employés, mais aussi pour les villages riverains », explique Moussa Fina Mara, le directeur de la Mine.

Guinea Alumina Corporation dispose de deux trains de 120 wagons chacun qui assurent le transport du minerai sur 90 km de chemin de fer.

Symbole de la réussite de la politique de partage des infrastructures initiée par l’Etat guinéen,  le producteur de bauxite utilise la voie ferrée de l’Agence Nationale d’Aménagement des Infrastructures Minières, la même utilisée par la Compagnie des Bauxites de Guinéen (CBG).

La cadence est de deux trains par jour. Mais la compagnie entend passer à trois trains en mars, puis à quatre à la fin du premier semestre. « L’année 2020 marquera notre croissance. Nous passerons à 10 millions de tonnes », projette Thierno Doumbouya, Directeur Maintenance et Ingénierie de la zone portuaire.

Dans la zone portuaire, la filiale d’EGA s’est dotée de culbuteur moderne, capable de décharger deux wagons en 90 secondes.

Outre la puissante roue-pelle qui assure la manutention du minerai, un convoyeur de 6 km transporte la bauxite jusqu’au quai de chargement des barges. « Nous chargeons trois barges de 12 500 tonnes chacune par jour. Nous allons passer bientôt à quatre barges », explique Doumbouya.

« Guinéeisation des emplois »

Considéré comme un des plus grands investissements pour une nouvelle mine en Guinée au cours des quatre dernières décennies, le projet GAC a créé 1000 emplois directs. Au moins 11% du personnel sont des femmes et 81% des employés sont de nationalité guinéenne. On dénombre environ 64% du personnel cadre sont guinéens. « GAC a la chance de travailler avec des ingénieurs guinéens pétris d’expériences », assure Moussa Fina Mara.

La société a su transférer le savoir-faire de la constitution des bases-vie au chargement des barges. « Nous misons sur les communautés riveraines pour bâtir une base-vie moderne, aux standards internationaux. C’est aussi cela, la Guinéeisation des emplois », commente Martin Simard, directeur de la communication

La politique qui vise à accorder une priorité à la Guinée passe aussi par l’achat des produits locaux. Ainsi, environ 49 millions de dollars ont été dépensés auprès des fournisseurs locaux.

Objectif, 12 millions de tonnes

D’août à décembre l’année dernière, Guinea Alumina Corporation a exporté un million de tonnes de bauxite. Forte de ce succès, la compagnie dit « poursuivre sa montée en puissance pour atteindre sa capacité nominale de 12 millions de tonnes par an ».

« Notre montée en puissance progresse bien et nos installations minières, ferroviaires et portuaires fonctionnent comme prévu », a assuré le chef de la direction par intérim Daniel Cornel Pop.

Déjà, en 2020, la filiale à part entière d’Emirates Global Aluminium (EGA), elle-même détenue à parts égales par Mubadala Development Company of Abu Dhabi et Investment Corporation of Dubai, prévoit d’exporter 10 millions de tonnes.

Engagée pour l’Environnement

GAC a de l’ambition. Mais la compagnie sait que ses opérations comportent des effets pervers sur l’environnement. Ses dirigeants affirment y avoir pensé. Un plan de gestion rigoureuse et innovante de l’environnement est élaboré et mis en route. Une procédure de réhabilitation et de restauration écologique a été actée avec les communautés riveraines.  Une pépinière qui produira 1 million de plantes par an est en passe d’être créée pour les besoins de la réhabilitation des zones exploitées.

Au village Thiouladji où GAC a construit un barrage de rétention d’eau uniquement destiné à ses opérations minières, il prévu l’aménagement d’un périmètre de 522 hectares pour assurer la protection de la biodiversité et respecter les engagements pris avec les communautés villageoises.

A la plateforme portuaire située à Kamsar, une zone de 42 300 m² a été aménagée  et dispose d’une ceinture de verdure. Environ 1000 arbres et plus de 500 000 peuplements de végétaux sont prévus à cet effet.

« Pour le moment, nous n’avons enregistré aucune plainte communautaire due à l’érosion de l’environnement », assure Mamadou Samba Barry, Senior Superintendant Environnement.

Après avoir répertorié 17 espèces prioritaires de conservation, Guinea Alumina Corporation envisage de développer un « écotourisme » autour des chimpanzés de quatre villages qui encerclent son barrage de rétention d’eau. Environ 28 millions de dollars sont prévus par la compagnie pour ce projet.

In Emergence Mag N°10 de Juillet 2020