Télécoms : la taxe de la discorde

Emergence – Dans un arrêté pris par le ministre des Postes, Télécommunications et de l’Economie numérique, le coût  de la redevance d’interconnexion est fixé désormais à 20 francs la minute. Une  décision désapprouvée par les travailleurs du secteur.

La FESATEL, le syndicat du secteur des télécommunications menace de déclencher une grève pour défendre les travailleurs et consommateurs suite à cette décision du ministre Oumar Saïd Koulibaly.

Le Directeur général  adjoint de l’Autorité de Régulation des Postes et Télécommunications, Mamy Diaby a calmé le jeu mercredi sur Radio Espace, arguant que cet arrêté signé par son ministre de tutelle n’a aucun effet sur les consommateurs.

« Contrairement à ce que  les gens racontent, cet arrêté signé par le ministre des Postes, Télécommunications et de l’Economie numérique n’a rien à voir avec n’importe  quelle augmentation du coût des communications téléphoniques. Ça ne concerne pas les consommateurs », a-t-il rassuré.

Avant d’ajouter que cette redevance est tout sauf une augmentation.

Pour justifier cet arrêté, il a souligné que l’Etat guinéen a réalisé un investissement de 230 millions de dollars US pour installer plus de 4000 km de fibre optique. Pour lui, il est donc tout à fait normal que l’Etat perçoive des revenus pour investir afin d’améliorer la qualité du service.

Pour le Directeur général adjoint de l’ARPT, le syndicat devrait plutôt s’attaquer aux problèmes réels qui se posent comme par exemple l’absence de directeurs généraux de nationalité guinéenne.

« Tous les directeurs généraux et directeurs généraux adjoints des sociétés de téléphonie mobile en Guinée sont des étrangers. Aucun guinéen.  Ce qui n’est pas le cas dans les autres pays de la sous-région », a révélé l’officiel de l’ARPT.

Le secrétaire général de la FESATEL balaie d’un revers de main les argument du régulateur du secteur des télécoms et déplore une décision en porte-à-faux avec les textes qui régissent le secteur de la téléphonie en Guinée.

« Cette décision du ministère enfreint au développement du secteur des Postes et Télécommunications en Guinée. L’arrêté va en contradiction avec la loi L018 votée  en 2015 par l’Assemblée nationale et impacte directement les travailleurs », a indiqué Abdoulaye Barry.

Pour cet syndicaliste, la loi L018 en son article  79 parle de l’interconnexion. Il estime que cette redevance  doit s’appliquer dans le cadre de l’interconnexion entre deux opérateurs de téléphonie. Et que l’on ne doit en aucun cas parler d’une redevance d’interconnexion dans un même réseau.

En attendant, la FESATEL promet de se battre par tous les moyens légaux pour ramener  l’Etat à renoncer à cette taxe nouvellement imposée de 20 francs.

Ousmane Sylla