Méga-projet Simandou : un nouveau souffle pour les finances guinéennes ?

Le gisement de fer de Simandou, un des plus grands gisements inexploités au monde, est en passe de devenir une réalité économique pour la Guinée.

L’arrivée de Baowu Steel, géant chinois de l’acier, aux côtés de Rio Tinto et de Winning Consortium Simandou WCS, marque une avancée significative pour le projet. Toutefois, des questions subsistantes quant à son impact réel sur les ressources budgétaires de l’État guinéen.

  1. Le Ticket d’Entrée de Baowu : Un Gain Ponctuel

L’un des éléments les plus marquants de la LFR 2024 est l’encaissement du ticket d’entrée de la société Baowu dans le consortium du projet Simandou, qui s’élève à 843,98 milliards de GNF (99 millions USD). Ce montant représente une injection substantielle de liquidités dans les caisses de l’État, contribuant ainsi à la hausse des recettes extérieures. Cependant, ce « ticket d’entrée » ne représente qu’une injection unique de capitaux et ne relève pas des recettes fiscales courantes. 

Pour rappel: 

  • Rio tinto avait effacé son ardoise lors de l’accord transactionnel  de 700 millions de dollars US en 2012.
  • la société Winning Consortium Simandou , quant à elle , a payé  75 millions de dollars US de son ticcket d’entrée au premier trimestre de 2022 et 25 millions en 2023  soit 100 millions de dollars US. 
  1. Impôts et Douanes : Des Recettes en Demi-Teinte

Selon le projet de Loi de Finances Rectificative 2024 (LFR 2024) , les recettes fiscales liées à Simandou sont limitées dans un premier temps. En effet, le projet bénéficiant d’exonérations d’impôts pendant la phase d’installation, les contributions de la Direction Générale des Impôts (DGI) sont faibles (108,21 Mds GNF) .

En revanche, la Direction Générale des Douanes (DGD) pourrait percevoir des droits de douane sur l’importation de matériaux et d’équipements nécessaires aux travaux (hausse de 449,15 Mds GNF par rapport à la LFI 2024).

  1. Exonérations Fiscales : Un Investissement à Long Terme

Les exonérations fiscales représentent certes une dépense à court terme pour l’État, mais doivent être effectivement face aux retombées à long terme. Le développement des infrastructures liées au projet (chemin de fer, port en eau profonde) et l’activité minière elle-même devrait stimuler l’économie et généreront, à terme, des recettes fiscales plus importantes. Le Trésor public prévoit d’ailleurs des recettes substantielles (plus de 843 milliards de GNF) dans le cadre du LFR 2024.

  1. Application du Contenu Local : Une Condition Essentielle

Pour maximiser les retombées économiques de Simandou, le CNT souligne la nécessité d’une application stricte de la loi sur le contenu local. Cela permettra aux entreprises guinéennes de participer davantage au projet et de créer des emplois locaux, contribuant ainsi au développement économique et social du pays.

Perspectives : Optimisme Prudent

Sous réserve de disposer de l’annexe fiscale de l’accord Simandou présente un potentiel indéniable pour les finances guinéennes. Une gestion avisée des exonérations fiscales, la mise en œuvre efficace de la loi sur le contenu local et la sensibilisation des populations locales seront cruciales pour maximiser les retombées économiques du projet.

Dans l’immédiat, les bénéfices budgétaires directs liés à l’impôt sur les sociétés seront probablement modestes. A long terme, Simandou pourrait transformer la structure des recettes de l’État guinéen, passant d’une dépendance aux ressources minières traditionnelles vers une économie plus diversifiée.

Mohamed Camara 

Simandou