Scandale de corruption sur Simandou : Beny Steinmetz joue et perd devant la Cour d’appel de Genève

Emergence – Le milliardaire franco-israélien Beny Steinmetz qui tentait courant mars d’obtenir l’annulation de sa peine prononcée il y a deux ans par un tribunal suisse pour corruptions en Guinée a perdu la manche. Pour autant, il ne savoure pas vaincu.

Le riche homme d’affaires qui a fait fortune dans le commerce de diamants a interjeté appel suite à sa condamnation en 2021 à cinq ans et au paiement d’une amende de 52 millions de dollars. Le tribunal suisse l’avait reconnu coupable de distribué des pots-de-vin à des officiels guinéens pour faire main basse sur les blocs 1 et 2 du riche gisement de fer de Simandou, dans le sud de la Guinée.

Un accord trouvé avec la justice dans le cadre de ce procès l’épargne de tout emprisonnement.

Si la Cour d’appel de Genève a reconnu le magnat coupable des faits de corruption, elle a cependant réduit sa peine de cinq ans à 18 mois de prison.

Mais Beny Steinmetz continue de clamer son innocence. Ses conseils ont annoncé qu’ils vont saisir la Cour suprême suisse pour obtenir l’annulation totale de la peine.

Le risque est que si celle-ci reconnait l’homme d’affaire coupable des charges qui lui sont reprochées, il ira tout droit en prison cette-fois.

L’affaire de corruption dont il s’agit remonte à 2008. Cette année-là, la compagnie Beny Steinmetz Group Resources de l’homme d’affaires acquiert les deux blocs de la chaîne de montagne Simandou.

Les deux autres blocs, 3 et 4, sont détenus par Rio Tinto.

La concession de BSRG sera résiliée en avril 2014 par la Guinée pour des faits de corruption. BSGR est accusée d’avoir distribué près de 8,5 millions de dollars à des officiels guinéens et proches de Lansana Conté, alors président de la République, pour acquérir lesdits droits miniers.

Steinmetz a toujours accusé la Guinée et son ancien président Alpha Condé d’avoir exproprié illégalement BSGR. Il a dit à la barre en 2021 qu’il était un simple conseiller auprès de la compagnie. Et que c’est le réseau Alpha Condé – George Soros qui tire les ficelles de l’affaire.

Toutes ses tentatives auprès des juridictions internationales n’ont pas prospéré jusque-là.

En 2021 un autre procès devant la Cour internationale de règlements des différends internationaux (CIRDI) pour tenter d’obtenir plusieurs milliards d’euros en guise de réparation s’était soldée par un échec. « Le tribunal CIRDI a rejeté avec force les prétentions de BSGR, qui alléguait que l’Etat avait exproprié ses droits miniers sur Simandou et sur le gisement adjacent de Zogota. Faisant intégralement droit à la position de la République de Guinée, le tribunal a reconnu que BSGR a acquis ces droits au moyen d’un vaste schéma de corruption mis en œuvre principalement entre 2006 et 2010. Le tribunal a été convaincu par les preuves accablantes réunies par la République de Guinée, dont des contrats de corruption, des preuves de versement de millions de dollars à divers intermédiaires, ainsi que des enregistrements audio et vidéo des principaux individus impliqués dans cette entreprise de corruption de grande ampleur menée sur plusieurs continents », disait l’Etat guinéen, à travers son agent judiciaire, Me Mohamed Sampil.

Les blocs 1 et 2 de Simandou renferment plus de 1,8 milliard de tonnes de fer avec une teneur dépassant 65%. En novembre 2019, l’Etat guinéen a adjugé ce gisement de fer à Winning Consortium Simandou suite à un appel d’offres international.

Le groupe WCS est une joint-venture qui comprend le groupe singapourien Winning, le chinois China Hongqiao Group Ltd et United Mining Supply (UMS). Il travaille avec Rio Tinto, le gouvernement guinéen et le groupe sidérurgique chinois Baowu pour construire les infrastructures ferroviaires et portuaires du projet Simandou. Coût de réalisation prévisionnel, 15 milliards de dollars.

Samuel Camara