Dans la préfecture de Beyla, la construction de la mine de Simandou par le groupe minier Rio Tinto progresse à pas de géant. Tout semble être sur les rails pour que le minerai de ce gisement de fer le plus riche au monde, avec une haute teneur avoisinant 65%, se retrouve enfin dans les usines métallurgiques de la planète.
Dans l’hélicoptère qui nous amène ce vendredi 1er décembre à la base-vie Canga de Rio Tinto, nous apercevons le tracé de la voie ferroviaire. Un bout de chemin de fer de 70 km qui va faire la jonction entre la mine et Transguinéen, la principale voie ferroviaire de 650 km destinée à acheminer le minerai sur la côte atlantique.
Le long de ce corridor, il existe aujourd’hui quatre bases-vie opérationnelles. Elles ont été construites en moins de six mois. Situées à 20 km les unes des autres, elles abritent les travailleurs de Rio Tinto et de son partenaire constructeur CR18. Ces bases vont assurer, concomitamment, la réalisation des travaux de construction du chemin de fer.
S’agissant de la voie ferrée proprement dite, les travaux de déblayage se poursuivent à un rythme effréné. Le tracé est visible depuis les airs. La voie d’accès de 65 km aussi. « Les travaux d’excavation avancent à grand pas. C’est un vrai challenge au regard de la pluviométrie », glisse le Directeur de la Géologie Sidiki Koné. En raison du climat de la région forestière, caractérisée par une pluviométrie abondante, la tâche est parfois ardue. Mais pour le géant minier, rien n’est suffisamment insurmontable si c’est pour extraire l’un des minerais de fer les plus riches en teneur.
Le chemin de fer Beyla-Kérouané renferme d’énormes défis pour l’ingénierie. Le projet prévoit par exemple la construction de six ponts dont le plus long mesure 503 mètres. Il est aussi prévu un tunnel d’environ 1 km de long. Mais aux pieds du mont Simandou, tout est bien pensé, réfléchi, planifié pour que les défis soient surmontés et le calendrier soit respecté. « Les camps on en charge les ouvrages d’arts et le chemin de fer », résume le Lead Ingenieur Moussa Kourouma.
Si Kourouma s’exprime ainsi, c’est bien parce qu’à chaque base-vie est dédiée une mission spécifique. Le camp I par exemple, en charge de réaliser 18 km de voie ferrée va aussi construire des ponts. Le deuxième abrite une centrale à bétons et une zone de préfabrication de portiques. Il va construire 22,84 km. Le troisième va réaliser le tunnel d’environ 1 km et une voie ferrée de 28 km. Le quatrième camp enfin aura pour mission de construire un pont d’un demi km.
« Protection de l’environnement »
Sur les chantiers du chemin de fer, Rio Tinto ne joue pas avec la sécurité des employés. Les briefings sur les questions de santé et sécurité sont fréquemment tenus. « Nous tenons à la sécurité des employés et de nos partenaires sous-traitants. Pour nous, c’est un principe non-négociable », lance le responsable HSE Faya Leno.
Sur le tracé, la compagnie multiplie les actions visant à protéger la faune et la flore. Moussa Kourouma estime à 66, le nombre de bassins versants identifiés et qui font l’objet d’attention particulière. De gros moins sont déployés pour préserver les espaces rares dans la forêt de Boyboyba. « Nous avons dû arrêter l’exploration et investir 300 millions de dollars pour conserver les espèces comme les crabes et les amphibiens qui vivent dans cette forêt », ajoute Sidiki Koné.
« Des progrès irréversibles »
Simandou est le plus grand gisement de fer inexploité au monde. Ses réserves sont estimées à 2,4 milliards de tonnes avec une teneur en fer de 65%, supérieure à celle de la mine de Pilbara en Australie de l’ordre de 62%. Rio Tinto est propriétaire des blocs 3 & 4 tandis que les blocs 1 et 2 sont détenus par Winning Consortium Simandou (WCS). Les investissements dans la mine et les infrastructures sont évalués à 15 milliards de dollars.
Un accord intervenu en 2022 entre le gouvernement guinéen et les deux groupes miniers prévoyait la fin de la construction des infrastructures en 2024 et le démarrage des exportations dans le premier trimestre 2025.
Rio Tinto dit être dans cette dynamique. Le groupe anglo-australien pense même avoir atteint une phase de non-retour. « L’année 2023 a connu une montée en puissance du projet », commente non sans un sentiment de fierté, le Directeur de la Géologie Sidiki Koné, 26 ans de carrière chez Rio Tinto.
O. Elie Camara
(Reportage diffusé en exclusivité dans le magazine Emergence N°23 de Décembre 2023)