Relance des travaux du Simandou : la réalité au-delà de l’engagement du Chef de l’Etat

Emergence – La semaine dernière, le Président de la transition, Colonel Mamadi Doumbouya, a relancé les travaux de la construction du Transguinéen, un chemin de fer long de 677 km et du port en eau profonde à Moribaya, avec un coût d’investissement estimé à plus de 15 milliards USD. C’était au cours d’un évènement qui s’est déroulé à Forécariah, préfecture située à un peu plus de 50 km de Conakry, ou tambour et trompeté ont ponctué la cérémonie à l’allure du sentiment d’une mission accomplie.

Pourtant, on est loin du compte. Le chemin à parcourir est encore très long et très fastidieux. En témoigne le discours du Colonel Mamadi Doumbouya qui a annoncé que l’Etat attend des engagements formels de la part des actionnaires. Ce qui veut dire qu’il rien encore qui garantit le financement de ce projet, cela, malgré la date butoir fixée par l’Etat, en début d’année sous forme de menace. Ce délai, faut-il le rappeler, était de presque deux mois. C’est de la période allant de mi-janvier à mi-mars.

Pendant ce temps, les négociations se sont poursuivies, mais les parties n’ont pas réussi à s’accorder sur l’essentiel. C’est du moins ce qu’on apprend de nos sources.

A ce jour, seul l’engagement financier de Rio Tinto, à hauteur de 500 millions dollars, a été annoncé disponible. Ce montant est la part contributive du géant anglo-saxon dans les travaux déjà réalisés par le partenaire chinois Winning Consortium Simandou (WCS).

Selon des experts dans le domaine, ce montant représente moins de 100 jours de travaux, en raison de près de 3 millions dollars US par jour, pour ces genres de projets.

Au-delà de l’engagement de l’Etat Guinéen à donner un coup d’accélérateur au projet, qui connait dans sa phase de réalisation un retard de plus de 15 mois du délai contractuel, s’impose à cet engagement une réalité qui pourrait freiner ce rythme.

Suspendus aux mois de mars et juillet 2022 par les militaires au pouvoir, les travaux n’ont plus repris sur le terrain depuis sa deuxième suspension. L’ardeur des partenaires de Winning, qui étaient pourtant très actifs sur le terrain et qui ont, d’ailleurs, pu investir jusqu’à cette date, plus d’un milliards dollars, cette ardeur évidente a été douchée par les différentes décisions de suspension prise par les autorités du pays. « Des décisions qui relèvent de l’amateurisme et d’une très grande stupidité », commente-t-on dans l’opinion.

Conséquence, la confiance s’est étiolée. La société Winning Consortium Simandou devient à cet effet prudente. Elle se fait alors discrète sur le terrain en maintenant en congés ses nombreux travailleurs, plus de 10 000, pour ne garder que ceux dévolus au service minimum.

L’arrivée de Baowu, qui est une opportunité évidente de financement, n’a pu faire accélérer les négociations dans le but de parvenir à un accord de financement.

En résumé, il est difficile d’espérer d’une relance effective des travaux de la construction du Transguinéen, du moins pour l’heure, comme le souhaite le chef l’Etat à cause des décisions inutiles prises par le passé et qui ont fait sérieusement douter le partenaire.
Peut-être qu’un miracle est possible. Espérons-le !

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