Le service du budget du Congrès a alerté les parlementaires américain d’un risque de défaut de paiement dès juillet. Une situation inédite pour le pays.
Les États-Unis en défaut de paiement : cette situation inédite pourrait se produire dès juillet si aucun accord n’est trouvé d’ici là entre la Maison-Blanche et l’opposition républicaine, pour relever ou suspendre le plafond de la dette. « Si le plafond de la dette reste inchangé, la capacité du gouvernement à emprunter à l’aide de mesures extraordinaires sera épuisée entre juillet et septembre 2023 », a alerté mercredi 15 février le service du budget du Congrès (CBO) dans ses prévisions actualisées.
La dette de la première économie du monde a atteint le 19 janvier 31,4 milliards de dollars, soit le plafond au-delà duquel le pays ne peut plus émettre de nouveaux emprunts pour se financer, et ne peut donc plus honorer ses paiements. Des mesures d’urgence temporaires ont été prises pour continuer à payer. Mais lorsqu’il n’y aura plus de liquidités, le risque est d’arriver « à des retards de paiement (…), un défaut sur les obligations de la dette du gouvernement, ou les deux », ajoute le CBO, agence indépendante politiquement, chargée de fournir au Congrès des analyses budgétaires et économiques.
Relever le plafond de la dette est a priori une mesure technique, mais qui nécessite l’accord du Congrès. C’est un marronnier de la vie politique américaine , enjeu d’une âpre bataille entre démocrates et républicains, avec des négociations souvent nocturnes à l’approche de l’échéance. Depuis 1960, le plafond de la dette des États-Unis a été relevé à 78 reprises, selon le département du Trésor. Les républicains, ayant désormais la majorité à la Chambre des représentants, s’opposent au président démocrate Joe Biden, qu’ils accusent de dépenser de manière inconsidérée. Or, sans accord, l’économie américaine, et même mondiale, plongerait dans l’inconnu.
Un déficit de 1 400 milliards en 2023
Cette publication du CBO donne une idée plus précise du moment où les États-Unis pourraient se trouver à court de liquidités. Pour continuer à honorer les engagements financiers, le département du Trésor – ministère américain de l’Économie et des Finances – a ainsi, entre autres, cessé les versements à des fonds de retraite et de prestations de santé ou d’invalidité des agents publics, sans que cela ne retarde à ce stade les paiements aux bénéficiaires. Il a suspendu les émissions de nouvelle dette jusqu’au 5 juin.
« L’utilisation continue de ces mesures, ainsi que des rentrées de fonds régulières, permettraient au Trésor, selon l’estimation du CBO, de financer les activités du gouvernement jusqu’à l’été sans augmentation du plafond de la dette, retard de paiement ou défaut de paiement », estime l’agence. Début février dans son discours sur l’état de l’Union devant le Congrès, le président Biden a accusé l’opposition républicaine de vouloir « prendre l’économie en otage ».
Le CBO a par ailleurs estimé que le déficit budgétaire des États-Unis devrait être de 1 400 milliards de dollars en 2023. Il devrait ensuite atteindre, en moyenne, 2.000 milliards de dollars par an sur la période 2024-2033. Le déficit avait totalisé près de 2.800 milliards de dollars en 2021, en raison des dépenses budgétaires pharaoniques du gouvernement fédéral pour maintenir l’économie américaine à flot face à la pandémie de Covid-19.
Quant à l’inflation , elle devrait être plus importante en 2023 et en 2024 que ce que le CBO anticipait en mai dernier, lors de la publication de ses précédentes prévisions. L’agence table respectivement sur 4,8 % et 3,0 %, selon l’indice CPI, qui fait référence et qui s’est élevé en 2022 à 8,0 %. La croissance du produit intérieur brut (PIB) devrait, en revanche, être moins forte que prévu, avec 0,3 % seulement anticipés pour cette année.
AFP