Les autorités ont lancé les travaux de construction de la première raffinerie nationale d’or du pays, une ressource stratégique pour le pays.
Les autorités de la transition du Burkina Faso ont lancé jeudi à Ouagadougou la construction d’une première raffinerie d’or, principale ressource minérale du pays , dont la mise en service est officiellement prévue dans onze mois. « Il n’est plus question pour nous d’amener notre or à l’extérieur pour le raffiner. Nous le raffinerons sur place, nous savons quelle est la teneur réelle de l’or brut qui sort. Ça, c’est très important », a déclaré le président de transition et capitaine Ibrahim Traoré, au cours d’une cérémonie de lancement de la construction de la raffinerie dans la capitale burkinabée.
« Plus question pour nous d’amener notre or à l’extérieur »
Depuis un certain temps, l’or est devenu le premier produit d’exportation » du Burkina, a-t-il ajouté. « Mais nous n’avons pas de contrôle sur l’or […] aujourd’hui nous avons décidé de mettre toute une chaîne en place ». La raffinerie aura une capacité de production annuelle de 150 tonnes d’or pur à 99,99 %, soit environ 400 kg d’or par jour, selon Ismaël Sibi, président-directeur général de Marena Gold, société cogérante de la raffinerie. Les premiers lingots d’or, d’une teneur de 22 carats, sortiront de cette raffinerie dans 11 mois, a-t-il indiqué. En outre, cette raffinerie permettra la création de 100 emplois directs et 5 000 emplois indirects, a-t-il poursuivi.
Au Burkina Faso, la production aurifère a reculé de 13,7 % en 2022 par rapport à 2021, passant de 66,8 à 57,6 tonnes. Selon les données de l’Initiative pour la transparence dans les industries minières extractives (ITIE), le secteur minier contribuait pour 14,3 % aux recettes de l’État burkinabé. Par ailleurs, « beaucoup d’or sort du Burkina de façon frauduleuse et cela contribue d’ailleurs à alimenter le terrorisme », a affirmé M. Traoré.
Depuis 2015, le Burkina est pris dans une spirale de violences perpétrées par des groupes djihadistes affiliés à l’État islamique et à Al-Qaïda qui frappaient déjà le Mali et le Niger voisins. Elles ont à ce jour fait plus de 17 000 morts civils et militaires depuis huit ans, dont plus de 6 000 depuis le début de l’année 2023, selon l’ONG Acled qui répertorie les victimes des conflits dans le monde.
Ces violences ont entraîné l’année dernière la fermeture de quatre mines industrielles et l’abandon de près de 700 sites d’orpaillage, selon des chiffres officiels. En février, les autorités burkinabées ont réquisitionné 200 kg d’or produits par une filiale du groupe canadien Endeavour Mining pour « nécessité publique », une décision « dictée par un contexte exceptionnel », selon le gouvernement.
Lepoint.fr