Emergence – Les autorités de transition de la Guinée se penchent sur l’harmonisation du prix de la tonne de bauxite pratiqué par la compagnies qui opèrent dans le pays. La visée principale de cette nouvelle démarche est de mettre fin aux disparités constatées entre les différents prix et accroître, par ricochet, les recettes minières de l’Etat.
En Conseil des ministres jeudi 9 juin, le président de la transition, le Colonel Mamadi Doumbouya, a ordonné au gouvernement de lui soumettre un projet d’Arrêté conjoint fixant le prix de référence de la bauxite.
En donnant ses instructions, le chef du CNRD s’est fondé sur ce qu’il appelle « inégalité du prix de la bauxite dans les différentes sociétés comme s’il ne s’agissait pas du même pays », selon un compte rendu du gouvernement.
Ainsi, les départements ministériels concernés à savoir les Mines, le Budget et les Finances ont jusqu’au 15 juin pour analyser le cours mondial de la bauxite et soumettre le projet d’arrêté au Premier ministre. Le Chef du gouvernement à son a deux jours pour transmettre la décision au leader de la transition.
Au lendemain de cette annonce, les questions fusent dans les milieux miniers en Guinée. Les analystes se posent des questions sur les motivations réelles des conseillers du président de la transition. Plus que le prix de référence de la bauxite, c’est la maitrise du secteur qui est désormais en question.
En effet, la bauxite, bien qu’étant une matière n’est pas cotée en bourse. A contrario, c’est l’aluminium, son produit fini, qui est coté au London Metal Exchange, la bourse de métaux. Ce qui permet à n’importe qui d’avoir accès à son prix partout sur la planète en un clic. Autrement dit, la bauxite est une matière première dont le prix n’est pas fixé sur le marché international.
Les discussions du prix de la tonne de bauxite sont très compliquées et tiennent compte de plusieurs paramètres dont la teneur, le coût de production et de transport.
Certains analystes assimilent le mécanisme de vente de la bauxite à un marché de gré à gré. Et cela fonctionne bien en général.
Chaque compagnie développe son projet de production de bauxite en tenant compte du contrat passé avec ses partenaires que sont les raffineries d’alumine et d’aluminium.
Résultat, la plus part des productions sont généralement achetées des mois ou des années à l’avance. C’est-à-dire avant leur livraison.
Face à ce mécanisme quelque peu nébuleux mais normal, l’Etat ne dispose que d’une seule option sure s’il veut accroitre ses revenus. C’est celle de rehausser ses participations dans les projets miniers.
De toute évidence, en prenant sa décision, l’ex commandant des Forces spéciales fait une incursion sur un terrain inconnue aidé par des conseillers qui ne maitrisent pas le secteur ou qui veulent l’induire en erreur.
Samuel Camara