Les autorités de la Transition savent que refondation de l’Etat doit nécessairement passer par l’entretien et la modernisation des routes. Depuis 2021, d’importants projets d’infrastructures routières sont lancés avec pour ambition, in fine, le désenclavement des zones de production. Dans cette interview avec le Directeur National des Routes Nationales, Mamy Condé, Emergence vous donne l’opportunité d’avoir un aperçu sur tous les projets déjà exécutés et ceux en cours. Interview.
Emergence Mag : Bonjour monsieur le Directeur national. Présentez-vous à nos lecteurs.
M. Mamy Condé : Bonjour, je suis Mamy Condé, Ingénieur et Directeur national des routes nationales depuis 1er Février 2022. Membre du Comité National sur le Changement Climatique au Ministère de l’Environnement et du Développement Durable, commission atténuation ; membre du comité CPIA du Ministère de l’Economie et des Finances, chef de file du domaine E : Infrastructure et Intégration régionale et membre du comité particulier de certification des matériaux de construction à l’institut national de normalisation et de météorologie.
Le gouvernement a fait du bitumage des voiries urbaines et de la construction des pistes rurales un objectif prioritaire pour assurer la mobilité des populations et le désenclavement des zones de production. Dans ce cadre d’importants investissements sont consentis. Faites-nous un aperçu général de ce qui a changé depuis le 5 septembre 2021.
Depuis le 5 septembre 2021, sous la direction du Président de la Transition, le Général de corps d’armée Mamadi DOUMBOUYA, le gouvernement guinéen a fait du développement des infrastructures routières une priorité essentielle. Cet engagement se traduit par une série de projets ambitieux visant à transformer la mobilité et à désenclaver les zones jusque-là isolées.
L’un des projets les plus remarquables est le bitumage des routes dans les onze (11) villes qui n’ont jamais connues de bitume depuis l’indépendance. Ces villes, à savoir Tougué, Koubia, Lelouma, Mali, Gaoual, Kindia, Koundara, Dabola, Kérouané, Yomou et Macenta, bénéficient désormais de routes modernes, améliorant considérablement la qualité de vie des habitants et facilitant l’accès aux services essentiels.
En outre, la ville de Conakry bénéficie d’un projet de bitumage de 214 kilomètres de routes, visant à fluidifier le trafic et à moderniser les infrastructures routières de la capitale. Ce projet est crucial pour répondre à la croissance démographique et aux besoins croissants en matière de transport urbain.
Parallèlement à ces projets, nous avons aussi la construction des cinq (05) ponts stratégiques dans le Grand Conakry, notamment à Kassonya, Kissosso, Demoudoula, Kakimbo, et Kiroti, qui contribue à renforcer la connectivité et à réduire les embouteillages. Ces ponts jouent un rôle clé dans le désenclavement des quartiers périphériques et dans l’amélioration de la circulation au sein de la capitale.
Par ailleurs, le gouvernement a procédé à la réhabilitation de 600 km de route en terre et 35 ouvrages (Ponts en béton armés) sur le réseau des routes préfectorales.
Ces initiatives démontrent la détermination du gouvernement à transformer le paysage urbain et à améliorer le quotidien des Guinéens. Depuis septembre 2021, ces investissements ont permis de réaliser des progrès significatifs dans le secteur des infrastructures, marquant ainsi une nouvelle ère de développement pour la Guinée.
Dans cette dynamique, le 20 juillet dernier, le Premier Ministre a procédé au lancement des travaux d’aménagement et de bitumage de la route Dabiss-Quebo. Dites-nous quelles sont les étapes franchies puisque depuis longtemps la construction de ce tronçon routier est au centre de toutes les attentions ?
Conformément à la volonté du Chef de l’Etat, Chef Suprême des Armées, le Général de Corps d’Armée Mamadi Doumbouya, le Ministère des Infrastructures et des Travaux Publics, avec l’appui des partenaires techniques et financiers, est engagé dans une politique pérenne d’amélioration des travaux routiers pour le bien-être des populations.
C’est dans cet élan de modernisation des infrastructures routières qu’il procèdera au lancement du projet d’aménagement et de construction de la route Dabiss-Quebo (Frontière Guinée-Bissau), le samedi 20 juillet 2024.
Placé sous le haut patronage de SEM le Premier Ministre, Chef du Gouvernement, ce projet vise la construction d’une route de 41 kilomètres, la réhabilitation de 141 km de pistes rurales et la réalisation d’un pont de 255 mètres linéaires, pour le bonheur des usagers.
Financée par la Banque Africaine de Développement, l’Union Européenne et le Gouvernement Guinéen, cette importante infrastructure est un moteur de développement et d’intégration sous régionale.
Ce projet a connu quelques difficultés liées notamment à la passation de marché, au déplacement des réseaux de fibres optiques et à l’indemnisation des personnes affectées par le projet. Ce qui avait mis ce tronçon au centre de toutes les attentions. Heureusement, il a fallu l’implication personnelle des autorités à tous les niveaux pour que ce projet se voit attribué à l’entreprise chinoise CRSG pour les travaux et au groupement CIRA/West Ingénierie pour le contrôle et la supervision. Nous attendons la validation des études EIS pour entamer le processus d’indemnisation des Paps. Les travaux de construction des bases vie et la validation des études d’exécution sont en cours pendant cette saison hivernale
Quelles sont les caractéristiques techniques de ce projet ?
Ce projet comprend 2 lots. Le lot1 de Boké à Dabiss, financé par BID et dont la maitrise d’ouvrage déléguée est assurée par la direction nationale des Infrastructures est en cours d’exécution et le lot 2 de Dabiss à la frontière de la Guinée Bissau géré par la direction nationale des routes nationales.
Le lot 2 va PK45+000 au PK86+000, soit 41 km de route à bitumer.
La structure de la chaussée est la suivante :
- Chaussée en Béton Bitumineux : 7 m
- Couche de fondation en graveleux latéritiques de 20 cm d’épaisseur et large de 10 m.
- Couche de base en grave concassé de 18 cm d’épaisseur sur une largeur en tête de 10 mètres.
- Revêtement en béton bitumineux de 5 cm d’épaisseur minimale sur une largeur de 7,00 mètres après compactage.
- Accotements sur une largeur de 2×1.50 m en section courante ; ils seront revêtus après imprégnation de la couche de base d’un revêtement monocouche en section courante et en enrobé bitumineux d’épaisseur 5 cm buté par une bordure de trottoir P2 en traversée de petits villages et villes.
Le projet comprend également la construction d’un mixte bipoutre de 255 ml sur le fleuve Cogon, la construction de 141km de pistes rurales et d’autres activités de Facilitation des transports, d’Appui au secteur des transports et
Gestion du projet.
Quel est le coût de réalisation ?
Les montants de construction de la route sont de 370 678 855 910 GNF pour les travaux et de 21 806 784 999 GNF pour la Mission de Contrôle.
La durée des travaux est de Trente (30) mois pour l’Entreprise et de Trente-deux (32) mois pour la MDC.
Dans la foulée du lancement de ce projet, on a assisté au démarrage, le 27 juillet, des travaux de construction de la route Labé – Mali. Expliquez-nous les contours de ce projet et qui en est le bailleur ?
Le projet consiste à la modernisation et à la mise au gabarit de la route existante sur un linéaire de 107 Km. Les travaux sont divisés en trois lots distincts :
- Lot 1: Labé – Sarékaly (38 Km);
- Lot 2: Sarékaly – Yembéring (31 Km);
- Lot 3: Yembéring – Mali (38) Km.
Les travaux de la route Labé – Mali (107 Km) sont financés par la Banque Islamique de Développement (BID).
A quand la fin des travaux ?
Les travaux de la route Labé – Mali durent 36 mois. Donc la fin des travaux est prévue pour fin 2027.
Nous sommes à la fin de notre entretien. Votre mot de la fin ?
En conclusion, permettez-moi de remercier particulièrement mon ministre, Son Excellence Mahamadou Abdoulaye Diallo, ministre des Infrastructures et des Travaux Publics à travers lui tout le gouvernement dirigé par le premier ministre Amadou Oury Bah pour son sens élevé de responsabilité, son esprit de cohésion, son dévouement et son travail acharné qui ont rendu ces réalisations possibles. Ensemble, nous continuerons à œuvrer pour le bien-être de notre nation et pour un avenir meilleur pour tous nos citoyens.
Le président de la République, pour ses efforts inlassables pour la modernisation de nos infrastructures routières, mérite une admiration sans réserve de la part de tous les citoyens. Depuis son arrivée au pouvoir, il a fait de cet objectif une priorité absolue, conscients des avantages inestimables que cela apporte à notre pays.
Il est indéniable que nos routes sont le cœur vital de notre économie et de notre développement. Cependant, pendant de nombreuses années, elles ont été négligées, laissant place à une situation désastreuse pour les automobilistes et les transporteurs, ainsi que pour la sécurité des usagers de la route. Le président de la transition a réalisé l’urgence de réagir et a pris des mesures décisives pour apporter un changement radical à cette situation.
Tout d’abord, il a mobilisé des ressources financières considérables pour financer ces travaux de modernisation. Grâce à une gestion rigoureuse des finances publiques, il a réussi à récupérer des fonds auprès de partenaires étrangers, tout en privilégiant l’investissement national. Cette approche a permis d’engager des projets d’envergure, à la fois dans les zones urbaines et rurales, pour garantir une accessibilité sans précédent à tous les citoyens.
En plus de l’aspect financier, le président de la République a fait preuve d’une vision à long terme pour la modernisation de nos infrastructures routières. Il a mis en place une stratégie globale, intégrant la construction de nouvelles routes, la rénovation des voies existantes, ainsi que la mise en place d’un réseau de transport efficace et respectueux de l’environnement. Cette approche holistique a permis de réduire les congestions routières, d’améliorer la sécurité et de stimuler le commerce dans tout le pays.
De plus, le président de la République a également insufflé un nouvel élan à l’industrie de la construction et des travaux publics. Il a encouragé la collaboration entre les entreprises locales et étrangères, favorisant ainsi la création d’emplois et le développement du secteur privé. Les retombées économiques de ces projets de modernisation sont vastes et ne peuvent être ignorées. Ils ont stimulé la croissance économique, créé des opportunités professionnelles pour les jeunes et renforcé l’attractivité de notre pays aux yeux des investisseurs étrangers.
En résumé, les efforts inlassables du président de la République pour la modernisation de nos infrastructures routières sont à magnifier. Son engagement et sa détermination ont permis de transformer un réseau routier obsolète en un réseau moderne et performant. Nous sommes témoins des changements positifs au quotidien, grâce à des routes sécurisées et efficaces, qui facilitent notre mobilité et dynamisent notre économie. Nous devons lui exprimer notre gratitude et notre soutien, et continuer à œuvrer ensemble pour renforcer davantage notre pays.
Nous vous disons merci, Monsieur le Directeur national des routes nationales
Je vous remercie.
Entretien réalisé par Ougna Elie Camara & Mohamed Zaka Doumbouya
In Emergence Mag N°28 – Août 2024