« L’Aluminium,  l’angle mort du secteur automobile »: le rapport de Human Rights Watch qui accable l’exploitation minière en Guinée 

Emergence – C’est un rapport explosif d’une centaine de pages publié ce mois  de juillet , qui met en relief les conséquences environnementales de l’exploitation minière, fleuron de l’industrie automobile en lien avec la violation des droits de l’homme dans le monde.

Dans le volet concernant la Guinée, première réserve mondiale de bauxite et troisième producteur mondial du minerai, l’organisation de défense des droits de l’homme, relève que le pays a multiplié l’exploitation de la bauxite durant ces dernières années. Human Rights Watch indique que  » l’expansion de l’exploitation minière de bauxite dans la région de Boké promet des bénéfices importants : un rapport de la Banque mondiale sur l’économie guinéenne datant d’octobre 2020 souligne que « le secteur minier pourrait constituer un catalyseur essentiel du développement de l’économie locale », souligne l’ONG américaine.

Le ministère guinéen des Mines et de la Géologie guinéen, dans un courrier adressé à Human Rights Watch en juin déclarait que l’exploitation minière permettait d’enrayer la pauvreté et faisait observer que les compagnies minières devaient affecter une part de leurs bénéfices au développement des communes locales.

Cependant, l’organisation relève des contrastes entre l’accroissement de la production minière et l’impact réel sur les populations riveraines des zones d’exploitation.

L’ONG reconnait que la Guinée connait un boom de la bauxite depuis 2015. Et que la Société minière de Boké (SMB) et la Compagnie des bauxites de Guinée (CBG), deux entreprises étudiées dans ce rapport, représentaient plus de 70 % des exportations de bauxite guinéenne en 2019 et près de 60 % en 2020.  Elle relève de manière méthodique que de gros producteurs d’aluminium au monde sont actionnaires dans la SMB (China Hongqiao Group, Winning International Group) tandis que la CBG est codétenue par le gouvernement guinéen et des multinationales de l’extraction minière comme Rio Tinto, Alcoa et Dadco.

Contrairement à ce que certains pourraient penser du rôle de la Guinée dans l’industrie de l’aluminium, le rapport de Human Rights Watch relève que l’expansion de l’exploitation de la bauxite en Guinée montre que le pays joue un rôle croissant dans les chaînes d’approvisionnement mondial. « Outre les raffineries chinoises, la bauxite provenant de Guinée est exportée vers des raffineries canadiennes, françaises, allemandes, irlandaises, russes, espagnoles et émiraties. La Guinée elle-même a raffiné moins d’un million de tonnes sur les 82 millions qu’elle a produites en 2020. Le gouvernement guinéen entend accroître les capacités de raffinage de son pays dans les prochaines années. »

Toutefois, souligne l’organisation de défense des droits humains, l’exploitation minière de bauxite n’en demeure pas moins une activités qui entraine des conséquences sur les droits humains en Guinée. Elle cite pour preuve, le taux de pauvreté importants en Guinée et dans la région de Boké, en particulier, où l’extraction de la bauxite est en plein essor.

« Boké compte beaucoup sur l’agriculture : les données gouvernementales pour les années 2014 et 2015 estiment à 890 000 le nombre d’habitants de la région qui dépendent de l’agriculture pour leur subsistance, soit 80 % de la population70. La plupart des paysans vivent dans des villages ruraux entourés des terres qui sont cultivées par leurs familles ou leurs voisins depuis des générations. Beaucoup de villages ruraux tirent leur eau de puits ou de sources naturelles, bien qu’ils aient souvent des difficultés à trouver de l’eau pure et potable. (…) Or, dans les communautés rurales qui entourent Boké et où se sont rendus Human Rights Watch et Inclusive Development International pour mener leurs recherches, les habitants ont souvent décrit une expérience bien différente. Les familles interrogées ont expliqué comment l’exploitation minière avait détruit les terres qu’elles cultivaient depuis des générations, détériorant l’environnement dont elles dépendent pour leur subsistance et leur alimentation », peut-on lire dans le document.

Nous y reviendrons.

Alpha Mamoudou Diallo