Émergence – La crise politique liée au double scrutin de mars ajoutée à la pandémie de coronavirus qui frappe le monde depuis janvier et les perspectives de l’élection présidentielle prévue dans le dernier trimestre de l’année placent l’économie guinéenne sur une mauvaise pente.
Avis de tempête sur l’économie nationale. Le ralentissement de l’activité économique pourrait générer une croissance économique de 1,3% en Guinée en 2020. C’est du moins ce que prédisent les dernières estimations du ministère de l’Economie et des Finances. Ce chiffre est susceptible d’être révisé en fonction de l’évolution de la situation. Il est toutefois beaucoup plus reluisant que celui de 0,7% prédit au tout début de la crise sanitaire par le Chef du gouvernement Dr Ibrahima Kassory Fofana.
Agriculture et mines
En abordant 2020, le gouvernement se fixait de grandes ambitions. Réaliser un taux de croissance du PIB de 6,3%, ramener le taux d’inflation en moyenne annuelle à 8,3% et stabiliser le taux de change à 9 225 GNF pour 1 Dollar US. Il misait aussi sur un total de recettes de 21 706,2 milliards de francs guinéens, contre des dépenses prévisionnelles de 26 730,7 milliards de francs guinéens. A l’élaboration de ce budget ambitieux, le facteur coronavirus et ses effets pervers sur les économies n’entraient, pas bien évidemment, en ligne de compte.
Aujourd’hui, au-delà du lourd bilan humain, la Covid-19 a entraîné des perturbations dans les chaines d’approvisionnement et de production. L’Etat d’urgence sanitaire décrété par le Président de la République fin mars et la fermeture des frontières qui s’en est suivie ont mis à l’arrêt plusieurs secteurs porteurs de croissance parmi lesquels le tourisme, les transports et le commerce.
Le seul réconfort est que le secteur minier qui représente 91% des exportations guinéennes et pourvoit 80% des recettes en devises du pays tient le choc pour l’instant, malgré un fort ralentissement des activités à l’international. A cela s’ajoutent aussi l’énergie, le BTP et le secteur de télécommunications qui devraient également continuer à bien se comporter.
Les nouvelles perspectives de croissance s’appuient sur les projections agricoles de 4,1% en fin d’année, contre 5,2% prévues initialement. Cette baisse s’explique par les difficultés de transport et la baisse de la demande des produits agricoles. La production vivrière devrait croitre de 14,2% pour la campagne agricole 2019/2020 contre 6,4% pour la campagne agricole 2018/2019, selon la source au ministère des Finances.
Si la Guinée parvient à éviter une croissance quasi nulle alors qu’elle est durement éprouvée par le Coronavirus, ce sera aussi en partie grâce à l’élevage, la pêche et la sylviculture qui sont sur une lancée relativement bonne. Le taux de croissance de l’élevage devrait être de 5,5% contre 5,8% prévu initialement, dû essentiellement à la mise en œuvre de certaines actions du projet de gestion durable du bétail dans ce sous-secteur. « Le taux de croissance des activités de pêche se situerait à 2,1% en 2020 contre un objectif initial de 3%. »
Les télécoms comme moteur de croissance
Le secteur des télécommunications tire le plus grand profit de la crise sanitaire lié au Coronavirus. Les mesures de confinement et l’explosion du télétravail ont saturé les comptes des sociétés du secteur.
Le taux de croissance du secteur des télécoms pourrait atteindre 10,6% en 2020 contre une prévision précédente de 3,5%. Une performance qui s’expliquerait par le recours à la téléphonie et à l’internet pour le travail à distance. Avec un parc d’abonnés estimés à 13,9 millions, le nombre d’utilisateurs d’internet est autour de 5,9 millions. A titre d’exemple, Au titre le trafic voix a enregistré une hausse de 9% à la fin du premier trimestre de l’année à 1 164 minutes contre 991 millions de minutes sur la même période un an auparavant. Tandis que le trafic SMS en glissement annuel est passé de 2 999 au premier trimestre 2019 à 3 267 sur la même période cette année.
Le gouvernement guinéen entend mettre à profit cette embellie pour renflouer ses caisses et tirer la croissance économique de la zone rouge.
Samuel Camara