Emergence – En Guinée, l’Autorité de Régulation des Postes et Télécommunications (ARPT) a dû sortir de son mutisme vendredi 10 juin pour intimer au leader du transfert électronique dans le pays, Orange Finances Mobiles Guinée, l’ordre d’annuler une nouvelle tarification récemment entrée en vigueur dans le pays.
Tout commence le 31 mai. La filiale en charge du transfert électronique du premier opérateur de téléphonie mobile en Guinée annonce avoir opéré une baisse sur les frais de retrait d’argent. Elle annonce que la grille tarifaire passe de 10 à 5 paliers avec des baisses allant jusqu’à 50%.
Ainsi, annonce-t-elle, les retraits de 100 000 francs guinéens sont à facturer à 2 000 francs guinéens contre 5 000 francs guinéens, préalablement. « Cette nouvelle grille tarifaire relative aux retraits d’argent via Orange Money contribuera à l’amélioration du pouvoir d’achat des abonnés dans un contexte d’augmentation des prix sur les marchés mondiaux, mais aussi favorisera l’accès des populations les plus défavorisées aux services financiers mobiles », commente alors lors d’un point de presse, un officiel de la société qui avait réussi, pour la circonstance, à mobiliser plusieurs influenceurs pour faire passer le message.
Dans son argument de marketing, la société dit avoir réalisé une réduction sur les frais de retrait atteignant 4 millions de francs guinéens.
A partir de ce palier jusqu’à 10 millions, les frais de retrait enregistrent au contraire des augmentations allant de 5 000 à 10 000 francs guinéens. Comme pour signifier que les gros déposant devraient payer à la place des petits.
A priori, ce qui devait être perçu comme un argument de publicité a vite suscité un tollé à l’échelle nationale. Les consommateurs estiment avoir été enroulé dans la farine par la société qui profite désormais de sa nouvelle politique tarifaire pour percevoir 1 000 francs guinéens sur chaque transfert d’une ville à une autre.
Des appels au boycott sont même lancés par de nombreux consommateurs.
La désapprobation atteint un niveau tel que l’Autorité de régulation des Postes et Télécommunications se voit dans l’obligation de se démarquer. L’organe de régulation dit d’abord avoir constaté avec « regret » le changement de tarification des frais appliqués sur les transactions financières. Il explique ensuite que que la décision avait été introduite de manière « unilatérale ».
Le directeur général de l’ARPT Sékou Oumar Barry signifie dans la note adressée à Orange Finances Mobiles Guinée de procéder à l’annulation de la nouvelle tarification fixée au plus tard ce vendredi 10 juin. « Dépassé ce délai, l’Autorité de Régulation des Postes et Télécommunications usera de tous les moyens et pouvoirs qui lui seront conférés pour le rétablissement des consommateurs dans leurs droits », prévient le patron de l’ARPT. « Toute fixation ou changement de tarification devra faire l’objet de validation par notre institution », ajoute-t-il.
Rien ne disait vendredi après-midi si la compagnie allait se plier aux injonctions de l’Autorité de régulation. Elle qui est plus que jamais considérée comme une société anarchiste si l’on s’en tient au courrier de l’ARPT.
Samuel Camara