Emergence – On a longtemps alerté sur les menaces graves qui guettent l’économie guinéenne à cause de la politique monétaire pratiquée par la Banque Centrale de la République de Guinée et qui porte entre autres, sur les émissions des titres, les reformes des statuts de l’institution. Toutes démarches permettant à l’institution monétaire du pays de déplafonner le seuil d’endettement du Trésor ainsi que le délai de remboursement, aggravant ainsi l’endettement du trésor vis-à-vis de la BCRG.
La confirmation de ce niveau de dégradation très poussé de l’économie vient d’être donnée par les partenaires financiers de la Guinée.
Dans un rapport publié le 17 mai, le Fonds monétaire international (FMI) sonne l’alerte et s’inquiète pour la menace qui guette le secteur bancaire guinéen. En cause, la souscription par celui-ci aux nombreux titres émis par la Banque centrale.
La réalité est que l’Etat guinéen qui est en manque de ressources pour faire face à ces obligations, émet constamment des titres en vue de payer les dettes.
« Chaque fois qu’un titre arrive à échéance, on émet un autre titre pour respecter l’échéancier. Pire, on émet des titres en amont, c’est-à-dire des titres pour financer les contrats, pour la plupart surfacturés, notamment dans les infrastructures. Ce qui devait être fait en aval, c’est-à-dire payer après l’exécution du contrat », explique un analyste qui connaît parfaitement le dossier.
L’autre alerte au goût de menace, c’est à propos de la position extérieure de la BCRG. C’est ainsi dire, pour mieux comprendre, que les épargnes en devises de la BCRG ne peuvent plus couvrir plus de 2 mois d’importation. On est donc très loin des 3 à 4 mois d’importation jusqu’ici garantis par les comptes en devises de l’institution, dont le montant avoisinait le milliard de dollars. Pour y remédier, l’Etat guinéen a imposé aux entreprises minières le rapatriement des devises générées par la vente de leurs exportations. Ce qui est loin d’être un acquis, du moins pour l’heure.
La Banque centrale doit à cet effet, changer sa politique monétaire en vue de palier la dégradation de l’économie. Aussi, les ambitions du pouvoir militaire doivent être revues à la baisse afin qu’elles puissent être supportées par les recettes intérieures, en l’absence de tout financement extérieur.
Mognouma