Guinée : pourquoi le Parlement a rejeté la Convention Société Agro-industrielle Guinéo-Emirati

Emergence – Réunis en plénière vendredi 30 avril, les députés guinéens ont renvoyé au gouvernement pour une seconde lecture la Convention d’établissement de la Société Agro-industrielle Guinéo-Emirati (SAGE SA).

Sur les raisons de ce renvoi tout de même très exceptionnel en Guinée, le Président de la Commission Environnement, Ressources naturelles, Développement durable et Rural du Parlement évoque des inquiétudes liées à plusieurs détails et pas les moindre.

« Nous avons suggéré que l’on puisse nous donner le temps de reprendre cet examen. Il y a un certain nombre de questions qui nous interpellent », relève le député Mohamed Dorval Doumbouya. « Nous n’avons pas reçu les statuts, le business plan ainsi que l’étude d’impact environnemental et social », indique M. Doumbouya qui, soulignons-le, est un ancien ministre du Commerce.

On rappelle que la convention de la SOGES S.A a été signée en juin 2020 par les ministres guinéens des Finances et de l’Industrie, et la société Alsa Asset Management Limited d’Abu Dhabi. En plus de la relance de l’ancienne usine SALGUIDIA, elle se donne aussi pour ambition le développement socio-économique des zones de production de l’ananas en République de Guinée. L’investissement prévisionnel est estimé dans le document à 140 millions de francs guinéens. Ce qui, aux yeux du président de l’Assemblée, Amadou Damaro Camara, est dérisoire.

« Je me pose des questions. Premièrement, le capital social de la société est de 10.000 euros, ce qui est l’équivalent de 140 millions de francs guinéens. Cela ne suffit même pas pour l’achat des meubles de la société », ironise le Chef de l’institution qui pointe aussi du doigt l’indisponibilité à leur niveau, des statuts, du business plan et de l’étude d’impact environnemental et social.

Les parlementaires ont aussi émis des réserves sur la durée de la convention qui est de 30 ans. Assez longue, selon eux.

En outre, ils estiment que les 20% de participations de l’Etat sont minimes. « Le mécanisme de suivi n’est pas élucidé. Il y a des terres qui sont occupées illégalement qui sont en exploitation, on n’a rien envisagé pour leur récupération », indiquent-ils.

« Enfin, la commission se pose la question de savoir quels sont les avantages pour les Guinéens en termes de dividende ? Si on se pose de telle question dans un partenariat, il est difficile que la Représentation nationale s’y associe. Par conséquence, on renvoi ce texte au gouvernement pour une seconde lecture », justifie le président Amadou Damaro Camara.

Tout en rejetant la convention, les députés ont tout de même félicité le ministre de l’Industrie et des PME Tibou Kamara pour les « efforts consentis » dans le cadre de la promotion du secteur industriel guinéen.

Leur président a rassuré le ministre d’Etat Tibou Kamara de la disponibilité de leur institution à accompagner toute initiative allant dans le sens de la promotion de l’agro-industrie.

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Alpha Mamoudou DIALLO