Emergence – En Guinée, plusieurs fermes avicoles sont au bord du précipice depuis la notifications en mai des premiers cas suspects de grippe à viaire. En attendant la riposte des autorités qui se met en place timidement, les éleveurs croisent les bras et constatent les dégâts.
A Moribayah, dans la préfecture de Forécariah, au sud de la capitale guinéenne Conakry, l’avenir semble s’est assombri pour Cheick Abdoulaye Camara. Il y a un an cet éleveur de volailles ouvrait sa ferme avicole.
Mais aujourd’hui, l’ambiance habituelle a cédé la place à un calme de cimetière. Les 2 434 poules pondeuses de sa ferme ont toutes été décimées par une épizootie de grippe aviaire qui touche le pays.
« Tout est parti en fumée », explique Camara, la voix teintée d’amertume. Quand les premiers cas ont été constatés dans sa ferme, il dit avoir fait appel aux services compétents relevant du ministère de l’Agriculture et de l’Élevage. « Ils ont notifié que la ferme est entière infectée et que la seule solution était de procéder à un abattage systématique des poules conformément aux directives du département en la matière », confie au Magazine Emergence l’entrepreneur qui s’est retrouvé sur le carreau du jour au lendemain. Les poulets abattus ont été incinérés.
Le fermier ne trouve pas les mots justes pour qualifier ce qu’il vit. Son business est anéanti par une épidémie de grippe aviaire hautement pathogène. Les pertes sont estimées à plus 600 millions de Francs guinéens (environ 68 000 dollars US). « Ce coût représente le prix des poulets, le transport, les frais de nourritures et soins et le prix du domaine qui abrite ma ferme », détaille Cheick Abdoulaye Camara. « Je me suis endetté pour réaliser ce projet. J’ai tout perdu et je ne sais plus que faire », affirme-t-il le regard perdu. Il a opté pour l’élevage de volailles comme solution à son chômage.
Rassuré par le bon démarrage de son projet, l’entrepreneur ambitionnait de se faire de l’argent et d’ouvrir d’autres fermes ailleurs dans le Guinée. Un rêve brisé pour l’instant. « J’ai perdu tout mon investissement », se désole-t-il, en espérant bénéficier d’une aide du gouvernement pour se relever.
A l’image de Cheick Abdoulaye Camara, plusieurs fermiers sont dans une situation difficile. Les volailles sont décimées sous le regard impuissant des promoteurs, sans moyens matériels adéquats pour faire face à la crise sanitaire.
Le pays est frappé par l’épidémie depuis un mois. Mais le gouvernement n’a annoncé officiellement l’existence de la maladie que le 7 juin.
Le ministre de l’Agriculture et de l’Élevage, Mamoudou Nagnalen Barry, a affirmé que la maladie est circonscrite pour l’heure à deux préfectures, Coyah et Forécariah, avec pour conséquence la mort des milliers de poulets dans les fermes.
Le gouvernement a promis des dispositions pour protéger non seulement les volailles, les animaux morts, mais aussi les personnes directement en contact avec les volailles. Mais quand ? La question demeure.
Daouda Yansané