Finance Islamique : la Guinée à la traîne dans la sous-région

Pour combler le retard de la Guinée dans l’intégration en matière de Finance islamique, des acteurs ont décidé  de vulgariser cette notion à travers le pays. Les milieux universitaires, lieux de prédilection pour un changement de perception, sont les premières cibles de cette campagne d’information.

C’est  dans cette optique qu’une conférence publique s’est déroulée le  20 novembre, à l’Université Général Lansana Conté de Sonfonia, à Conakry sur le thème : « La finance islamique, l’outil d’une émergence économique ».  Organisée par le Département des langues et civilisations arabes de ladite institution universitaire, en collaboration avec la Banque Islamique de Guinée,  la rencontre a permis aux étudiants et acteurs du monde de la  finance  de s’imprégner du rôle que peut jouer la finance islamique dans le développement socio-économique de la Guinée.

A cette occasion, Ibrahima Mansaré, organisateur des débats a expliqué que la rencontre visait à attirer l’attention des autorités guinéennes sur le retard accusé par le pays, en matière de finances islamiques. Il a aussi sensibilisé les étudiants ainsi que les autorités universitaires sur les opportunités liées à l’intégration de la finance islamique dans les programmes académiques.

« Aujourd’hui, la Guinée ne se rend pas compte de son retard à propos de la finance islamique. Tous les pays de la sous-région ont dépassé le niveau initial de la finance islamique, alors que notre pays a été l’un des premiers à avoir sa banque islamique », a-t-il déploré. Et de poursuivre : « Depuis la création de celle-ci en 1983, il n’y a pas eu d’accompagnement juridique, réglementaire et même institutionnel de la finance islamique. Cette conférence consiste donc à sensibiliser les universitaires ainsi que les autorités universitaires, sur le nombre d’opportunités que nous perdons et des potentielles économiques, qui pouvaient être en faveur des couches les plus vulnérables de ce pays ».

Les conférenciers ont fait savoir que la Finance islamique dispose d’un chiffre d’affaires de  près de  2 000 milliards USD. Et qu’elle est présente dans plusieurs pays, notamment en Grande Bretagne, en Malaisie, aux États-Unis. Elle « va représenter près de 30% du portefeuille mondiale dans 10 ans », a assuré Mansaré.

Le directeur général de la Banque Islamique de Guinée, Sidy Dieng, a rappelé le rôle que joue son institution dans le développement de la Guinée. Avant de préciser que la mission de celle-ci est de promouvoir la finance islamique dans le pays. Dans ses propos, M. Dieng a aussi rappelé les secteurs d’activités touchés par les financements de la Banque Islamique. Il a surtout rappelé que la BID investit dans les secteurs de BTP, le commerce, l’agriculture, l’immobilier, la communication, la distribution, l’éducation, le transport et l’industrie.

La part de financement de la Banque Islamique de Guinée sur ces secteurs d’activités s’élève à environ 732 milliards de francs guinéens.

Pour permettre à la banque de contribuer davantage au développement socio-économique de la Guinée, M. Sidy Dieng, affirme que d’autres secteurs d’activités ont été intégrés dans le portefeuille de son institution. Il s’agit des secteurs de l’agriculture, l’élevage et la pêche, l’éducation, la santé et l’immobilier.

 « Le premier secteur à promouvoir dans nos financements et nous sommes en train de le faire maintenant, c’est le secteur primaire. C’est à dire l’agriculture, l’élevage et la pêche. Le deuxième à soutenir, c’est celui de l’éducation. Si l’on veut avoir un avenir rayonnant, nous ne devons pas oublier l’éducation. Nous pensons qu’il faut accompagner ce secteur en termes d’infrastructures », a-t-il préconisé.

Le banquier a ajouté que le secteur de la Santé mérite aussi une attention toute particulière. « Nous pensons accompagner ce secteur pour la construction de cliniques de niveaux élevés et également, l’acquisition d’équipements et de matériels », a-t-il relevé, ajoutant à la liste, l’immobilier qui représente une véritable « problématique ».

Présidant la conférence, le ministre d’Eta, Conseiller des Relations diplomatiques, Pr Koutoub Moustapha Sanoh est revenu sur les principes de la finance islamique qui repose  sur « la justice, le partage, l’équité la prospérité ». Et se caractérise par « la prohibition de l’intérêt, de l’injustice et de l’incertitude ».

Poursuivant, Pr Koutoubou a suggéré aux autorités de doter la Guinée d’un cadre juridique relatif à la finance islamique en vue de permettre au pays de disposer des fonds et d’attirer beaucoup d’investissements étrangers. Le ministre a  pour conclure, précisé que la finance islamique est ouverte à toutes les confessions religieuses.

Raoul Thierry Soumahoro (In Émergence Mag N°08 de Novembre 2019)