Fermeture des frontières terrestres : A Pamélap, les dégâts ont été circonscrits (De notre envoyé spécial)

Émergence – Pour des raisons sécuritaires, l’Etat guinéen dit avoir pris la décision drastique de fermer les frontières terrestres, à toute entrée de marchandises durant plusieurs jours. A Pamélap, la frontière entre la Guinée et la Sierra-Leone, la mesure a été respectée  à la lettre par les autorités douanières, comme a pu le constater notre reporter.

Avec la levée de la mesure, les dizaines de camions remplis de marchandises en provenance de la sierra-Leone ont pu finalement passer la barrière douanière, pour entrer sur le territoire guinéen.

Bien sûr que l’interdiction est levée par les autorités, mais la  méthode de contrôle  a changé. Aujourd’hui, au niveau du poste de contrôle  de la localité de Pamelap, le débarquement de la marchandise devant une équipe mixte composée de gendarmes, policiers et syndicats de transporteur devient obligatoire, comme nous avons pu le constater sur place.

Selon Mourana Bangoura, membre du syndicat des transporteurs, chef de ligne adjoint de Pamélap, la mesure de fermeture a été respectée dans sa localité.

« Dès que la décision est tombée, nous avons reçu des  appels de notre hiérarchie. Nos chefs nous ont fait des recommandations sur la sensibilisation des chauffeurs pour éviter tout problème, jusqu’à la levée de l’interdiction. Les chauffeurs ont compris ces messages. Lorsque le jour est arrivé, une délégation est venue de Conakry. Il y a eu une rencontre avec la direction de la douane installée ici. L’interdiction a fait un mois et quelques jours. Et, cette interdiction était axée sur les camions remorques en provenance des autres pays pour la Guinée », a-t-il expliqué.

A en croire le syndicaliste, depuis le jour de la levée de l’interdiction, la fouille systématique et sans exception de tous les engins est devenue obligatoire à Pamélap avant de passer la douane. « La douane a fait comprendre que le débarquement de la marchandise est devenue une obligation et ça se fait désormais devant les responsables syndicaux d’ici. Toutes les autorités de cette frontière se comprennent très bien. Dès qu’une situation se présente, la douane nous appelle automatiquement pour expliquer le contenu», rappelle-t-il.

Pour savoir si cette interdiction n’a pas causé de pertes aux transporteurs et commerçants, il a dit ceci : « nous n’avons pas reçu de plainte dans ce sens. Parce que les produits qui périssent vite ne viennent pas par là. Pommes de terre, oignons et autres ne viennent pas par là. Ce sont des produits comme l’huile, le savon, le riz et autres qui passent ici. Même si ces produits font des mois, il n’y aura pas de dégâts. Personne n’est venue faire des réclamations à notre niveau », a-t-il rassuré.

Pour  Mohamed Lamine Cissé, président du district de Pamelap et responsable de la frontière au compte de Mano River Union, cette fermeture n’est pas à sa première en Guinée. D’après lui, à l’approche de chaque élection, les autorités procèdent  à la fermeture des frontières.

« C’est mon président de la jeunesse qui m’a dit pour la première fois que le responsable des agents de la douane chargé des frontières a reçu un message de fermeture de la frontière. Je me suis dit que c’est un droit pour le gouvernement de le faire. Chez nous à l’approche de l’élection c’est une coutume de fermer la frontière. Depuis longtemps nous savons que la frontière sera fermée pour empêcher que les ennemis ne viennent semer la pagaille dans le pays. Après l’élection on  rouvre et sans aucun problème. Seulement comme ça coïncide aux mouvements des commerçants, cela les fatigues un peu. Nous avons tenu une rencontre avec certains médias pour parler au gouvernement des conséquences de cette mesure sur le commerce qui s’explique par des pertes de marchandises et la hausse du prix des produits dans nos différents marchés du pays. Nous nous sommes dit qu’on ne peut pas s’opposer à une décision du pouvoir. Heureusement que ces messages sont tombés dans les oreilles de nos décideurs et la mesure a été levée depuis plus d’une semaine maintenant. Les choses ont repris dans la paix et dans l’entente », a-t-il conclu.

De son côté, Issiaga Kaba chauffeur de camion entre la Guinée et la Sierra-Leone a dit que cette fermeture a une conséquence sur la vie des chauffeurs.
« Lorsque nous embarquons des marchandises, tant que ça n’arrive pas à destination, nous  assurons la garde. Et si vous stationnez quelque part durant une semaine, deux semaines et voire des mois, ça aura des conséquences néfastes. Nous sommes obligés de voir à tout moment l’état des marchandises et autres. Nous gaspillons aussi assez d’argent dans la localité où nos engins sont stationnés », a fait savoir notre interlocuteur.

D’après Mamadou Samba Sow, commerçant de profession, la fermeture des frontières terrestres a un impact sur le commerce. « La fermeture de la frontière occasionne la rareté de certains produits dans le pays. La hausse du prix des aliments de base et ça peut causer aussi des pertes chez les commerçants. Si cela trouve que tu as des produits périssables, tu peux perdre des millions de francs guinéens en quelques jours  seulement. Avant de procéder  à la fermeture, l’Etat doit passer des avertissements  durant des mois avant le jour J. Cela pourrait  éviter  des pertes chez les commerçants », a-t-il plaidé.

A noter que nous avons essayé d’avoir la version des autorités douanières sur ce sujet, mais en vain.

Ousmane Sylla, Envoyé spécial