La monnaie européenne est tombée à son plus bas niveau depuis 20 ans face au billet vert. Faut-il s’inquiéter ?
L’euro est passé mardi 23 août sous le seuil de la parité avec le billet vert, cotant 0,9901 dollar, soit son plus bas niveau depuis le 29 novembre 2002. Depuis le début de l’année, il affiche une baisse de 12,5 % face au dollar. Il est d’abord pénalisé par des taux d’intérêt plus bas en Europe qu’aux États-Unis, ce qui incite les investisseurs internationaux à placer leurs capitaux outre-Atlantique, où ils sont mieux rémunérés, plutôt que sur le Vieux Continent. Les économies européennes se retrouvent de surcroît très exposées à la flambée actuelle des prix du pétrole et du gaz alors que les États-Unis sont en revanche, depuis 2020, des exportateurs nets d’énergie grâce à l’exploitation du gaz de schiste .
Le billet vert bénéficie enfin depuis le début de la guerre en Ukraine de son statut de monnaie refuge en cas de tensions géopolitiques internationales, statut lié à l’hyperpuissance militaire américaine et qui se traduit aussi par sa place prédominante dans les réserves de change des banques centrales. Fin 2020, celles-ci étaient à l’échelle mondiale constituées de 59 % de dollars, de 21 % d’euros et de 20 % d’autres devises.
Que va faire la BCE ?
Lors de son introduction, en janvier 1999, l’euro valait 1,1789 dollar. Il avait ensuite connu vingt-deux mois de recul quasi ininterrompu, tombant à un plus bas niveau historique de 0,8250 dollar le 26 octobre 2000, un mouvement de baisse auquel les interventions sur le marché des changes de la Banque centrale européenne avait permis de mettre fin. Le 15 juillet 2008, alors que le billet vert était pénalisé par la crise des subprimes, la monnaie européenne avait atteint un niveau record de 1,5990 dollar.
Dans un régime de change flottant, les autorités monétaires ont à leur disposition deux grands instruments pour influer sur le cours de leur devise : les taux d’intérêt et les réserves de changes. Si la BCE relevait par exemple son taux directeur, la monnaie européenne deviendrait plus rémunératrice et plus attractive pour les investisseurs et aurait donc tendance à s’apprécier. Pour faire remonter l’euro, la BCE pourrait aussi en acheter en vendant une partie des dollars qu’elle détient dans ses réserves. La BCE n’est plus intervenue sur le marché des changes depuis le mois de mars 2011, quand conjointement avec les autres banques centrales du G7, elle avait vendu du yen afin de stopper l’envolée de celui-ci. Alors qu’aux États-Unis, la décision d’intervenir sur le marché des changes appartient au seul pouvoir politique, elle doit théoriquement en Europe faire l’objet d’un accord préalable entre la BCE et le conseil Ecofin.
Par Le Point.fr