Depuis près d’une semaine, ça se susurre au sommet de l’Etat que le Président de la transition est en colère. Très en colère d’ailleurs. Pour cause, nous raconte-t-on, l’émission de nouveaux billets décidée par la Banque centrale.
En effet, la question est de savoir, comment une opération régulière reconnue à cette institution monétaire peut-elle susciter chez le patron du Palais Mohamed V une si grande colère ?
A cette question, nos différentes sources répondent que le “Patron’’ n’en était pas informé. “D’où sa réaction d’arrêter les personnes responsables de cela’’, concluent-elles.
Et cette réaction va créer des ennuis à ceux qui sont désignés comme étant responsables de cette situation. Il s’agit de l’ancien ministre de l’Économie et des Finances et actuel directeur général de la SONAP, Moussa Cissé, et du Gouverneur de la Banque centrale, Karamo Kaba.
Le premier est suspendu de ses fonctions de DG de la SONAP, et aussitôt remplacé par le conseil d’Administration de cette structure, réunie ce mardi 10 septembre en conseil extraordinaire.
Le second, lui, n’est pas encore suspendu. Mais il a passé quelques heures aux camps pour des interrogatoires serrés sur le sujet. Interpellé et conduit au camp, le Gouverneur a été interrogé sur sa motivation à agir ainsi sans en informer le président de la transition, avant de regagner son domicile, 72h après, au petit matin du lundi 9 septembre.
On apprend que l’homme serait tellement serein qu’il aurait envoyé un message à tous ses collaborateurs, disant à ces derniers qu’ils doivent encore souffrir de le supporter. Comme pour démentir la rumeur de sa suspension. Vrai ou faux, impossible d’avoir le patron des lieux pour s’assurer que le message vient de lui.
Bref, le plus important, c’est cette opération de renouvellement des billets.
A propos, les sources qui connaissent la mission de la BCRG et le circuit monétaire contactées par Emergence soulignent qu’il était du rôle du Gouverneur de la Banque centrale d’adresser une note motivée au président de la transition et de poser le débat en conseil des ministres pour que quitus lui soit donné. Une démarche qui aurait fait défaut, nous confie-t-on.
Que s’est il passé ?
L’affaire date d’il y a deux ans. A l’époque, Moussa Cissé trônait encore à la tête du ministère des finances et Karamo kaba, aujourd’hui Gouverneur, l’était déjà.
Et c’est bien celui-ci qui a décidé de renouveler tous les billets à la BCRG. C’est une opération régulière, cette fois de grande envergure, qui coûte à l’État Guinéen, selon les indiscrétions, plus de 30 millions de dollars et ça concerne 640 millions de billets de toutes les catégories.
Des proches du Président mettent en doute la transparence dans la gestion de ce marché dispendieux. On soupçonne à tort ou à raison un arrangement dans le but de se faire des « sous ». Ces personnes disent fonder leurs accusations sur le fait que le partenaire traditionnel qui a coutume d’imprimer ces billets et qui détient tous les éléments de sécurité, le britannique, est remplacé au profit du français Oberthur qui, selon eux, n’en a pas la capacité, et fait imprimer à divers endroits, avec différents partenaires, des sous-traitants.
Cela aussi est une autre accusation qui en rajoute à la colère du sommet. Une accusation, certainement, qu’on continue à bourdonner dans les oreilles du Président de la République, faisant ainsi passer les mis en cause, Moussa Cissé et Karamo Kaba, comme étant les seuls à en avoir tiré profil.
En attendant que les choses ne soient tirées au clair, on peut dire sans risque de se tromper que les deux cadres qui étaient dans l’estime de l’homme du palais sont tombés en disgrâce.
Nous y reviendrons !
Emergencegn.net