Émergence – En Guinée, de plus en plus de femmes estiment que la fête du 8 mars dédiée à la gent féminine doit être célébrée autrement, et qu’il est temps d’aborder les vraies questions liées à leur autonomisation financière.
Kolia, un district situé à une vingtaine de kilomètres de la préfecture de Boffa. En ce 8 mars, Kadiatou Sylla et plusieurs dizaines de femmes s’activent pour faire écouler leurs marchandises. Ce dimanche qui correspond au marché hebdomadaire du village est la seule occasion de faire les affaires.
Kadiatou et ses amies savent que cette journée est dédiée la femme. Mais pour elles, la Guinée devrait désormais célébrer l’événement différemment, à travers la mise en oeuvre des politiques publiques permettant l’autonomisation réelle des femmes. Elles estiment que les danses populaires sur fond de démagogie et de manipulation sur les places publiques doivent cesser.
« Les femmes ont trop chanté et dansé lors des journées précédentes mais rien n’a changé et nous vivons dans la même situation », explique Kadiatou. « Nous devons nous battre maintenant pour l’autonomie financière des femmes. En Guinée, les femmes sont plus frappées par la pauvreté que les hommes. L’heure est au changement de la façon de fêter cette journée ».
Loin des grandes agglomérations, les femmes de Kolia souhaitent que leurs compatriotes orientent leur bataille vers une autonomisation financière.
A Conakry, la capitale, les femmes nourrissent également de grandes attentes à l’égard du pouvoir.
« Je ne participe pas à cette fête parce que rien d’essentiel ne se dit là-bas. Les femmes ne font que du Mamayaya de soutien aux idéaux du président. C’est pourquoi, je préfère rester à la maison », commente Fatoumata Barry, une femme que nous avons rencontrée à Gbessia 1, à Conakry.
« Nous demandons au président de la République d’aider les femmes. Nos maris ne travaillent pas. Ce sont des femmes qui prennent en charge les familles », ajoute Aminata Soumah.
L’humanité a célébré ce dimanche 8 mars la Journée internationale de la Femme. En Guinée, toute comme partout dans le monde, l’événement était placé sous le thème : « Je suis de la Génération Egalité : levez-nous pour les Droits des Femmes ».
La Ministre de l’Action Sociale, de la Promotion Féminine et de l’Enfance Hadja Mariama Sylla a annoncé l’organisation tout au long du mois de Mars et sur toute l’étendue du territoire national des actions d’envergure visant à promouvoir l’égalité des sexes et contribuer ainsi au respect des droits fondamentaux des femmes et des filles.
Le gouvernement guinéen et ses partenaires envisagent la tenue de plaidoyers et de sensibilisations à travers une mobilisation des femmes à Conakry dans les régions administratives sur les droits fondamentaux des femmes.
Par Ousmane Sylla